Le cinéma italien sans atteindre le niveau et la qualité de production des années 60 et 70 semble trouver un nouveau souffle grâce à une vague de jeunes réalisateurs tous autant inspirés que leurs prédécesseurs. Emanuele Crialese s’inscrit dans cette veine. Avec Golden door, il parvient à composer un film puissant tout en ne s’attardant que sur un ensemble de petites scènes anodines de prime abord. Sa vision des migrants italiens vers l’Eldorado américain est touchée par une grâce infime. Et nombreuses sont les références qui nous viennent à l’esprit. Avec des personnages qui affichent le visage de la désespérance on pense à Chaplin. Par la truculence des situations et la rondeur du récit c’est le fantôme de Fellini qui plane sur le film, sans oublier un côté néo réaliste qu’on appréciait tant chez les frères Taviani de la grande époque. Tout dans ce récit interpelle l’émotion : la direction artistique très étudiée, les acteurs (Vincenzo Amato, Charlotte Gainsbourg parfaits) et la mise en scène toute en retenue et en plans à couper le souffle (la scène du bateau quittant le port tient de l’anthologie). Crialese est un auteur accompli qui signe là un film exigent. Il a la faculté peu commune de vous faire passer du sourire aux larmes pour mieux diffuser son message de tolérance, son énorme respect pour ces « petites gens » et une générosité qui contraste avec la noirceur exacerbée du moment. L’un des moments forts de 2007.