Les années 1980. Les pantalons et les vestes flottantes pour les hommes, les coiffures ébourriffées consolidées à la laque pour les femmes, les couleurs criardes, la crise, le synthé, l'esthétique AB Production.
Alors, pourquoi pas une comédie musicale située dans un centre commercial (avec principalement un salon de coiffure, une buvette et une boutique de vêtements) dans cette esthétique ? Il y aurait un groupe de 4 mecs chantant à quatre voix (un peu comme Pow Wow ou les Forbans). Evidemment, comme c'est une comédie musicale, ça parlerait de devoir faire un choix entre raison et sentiment, entre amour passion et carrière, avec un triangle amoureux. Et à la fin tout se terminerait bien, pas vrai ?
Pas vrai ?
C'est une curiosité, avec des paroles de chanson délibérément régressives (Chantal Akerman elle-même les a écrites), qui ne collent pas vraiment avec l'intrigue mais sont là pour la spontanéité. L'intrigue amoureuse, délibérément cliché, est traité de manière légère. Parmi les réussites, la romance de Delphine Seyrig et John Berry. On notera Charles Denner et Jean-François Balmer dans des rôles touchants mais peu gratifiants, qui font sentir l'atmosphère des "années frics", des années Tapie. J'aime beaucoup la dynamique pétulante du groupe des coiffeuses, qui entrent et sortent dans le cadre comme un tourbillon de vie, on sent que c'est quelque chose qui tenait à coeur d'Akerman.
Un délire eighties décalé, à voir au moins une fois.