Goldfinger vient après le tendu Bons baisers de Russie ajouter une touche de culte à l’agent 007 en magnifiant sa recette dans un déballage de charme fatal.
Goldfinger aurait dû laisser sa place à Opération Tonnerre, qui n’a cependant pas pu se faire pour des questions juridiques. Après avoir mis James Bond sur une voie royale après deux excellents opus, Terrence Young laisse ainsi sa place à Guy Hamilton qui deviendra un metteur en scène habitué de la saga pour un troisième opus encore plus ambitieux et beaucoup plus cher. Adapté du septième roman de Ian Felming, Goldfinger étoffe la recette déjà bien rodée des deux précédents opus en y ajoutant la mythique Aston Martin truffée de gadgets et un Bond retenu prisonnier la majeure partie du film par un antagoniste à l’orgueil et à la fortune démesurés.
Goldfinger débute , après l’un des plus beaux génériques que la saga nous ait offert, de la plus spectaculaire des manières en nous présentant en accéléré une synthèse du personnage de James Bond dans une scène d’introduction spectaculaire et explosive. Ce troisième opus s’orientera cependant vers un début plus chaleureux, où Bond, en vacances en Floride croit piéger facilement le sympathique retraité qui servira d’antagoniste au film de Guy Hamilton, un certain Auric Goldfinger. Le repos sera de courte durée pour une mission qui échappe rapidement au célèbre agent double et où son charme est ici mené vers des desseins tragiques pour celles qui auront la malchance de croiser sa route.
Parce que comme dans Bons baisers de Russie, Bond est confronté à un homme beaucoup plus puissant que lui. Si Goldfinger est ainsi l’homme le plus riche du monde, sa force de frappe est immense et Bond est ici confronté aux limites de ses méthodes dans une scène de laser tendue où l’agent croit durant un bref instant perdre la vie. Il ne restera ainsi qu’au célèbre agent plus que son ingéniosité et son indéfectible charme pour mener à bien une mission aussi prestigieuse que l’or dont elle se pare : Le braquage de Fort Knox. Goldfinger se pare ainsi de cette prestigieuse matière pour livrer un film spectaculaire.
Parce que Guy Hamilton perpétue la représentation d’un antagoniste bavard et mégalomane et en fait une signature qui deviendra emblématique des futurs ennemis de la saga, il lance aussi la tradition d’un terrifiant homme de main, indestructible et mutique, ici incarné par Oddjob et son lancer de chapeau fatal. Si les potentielles James Bond Girl disparaissent ainsi les unes après les autres, l’on trouvera cependant dans le jeu d’Honor Blackman une liberté et une indépendance nouvelle pour un personnage féminin de la saga. Ne succombant ni facilement au charme de Bond et étant déjà maître de sa propre destinée, James Bond rencontre ainsi bien plus qu’une éventuelle conquête dans un duel sentimental tendu, et l’une des plus belles relations du célèbre agent à l’écran.
Dans un divertissement encore plus spectaculaire que les précédents opus, tant au niveau de ses décors que de son action, et d’un final où la tension renoue avec la superbe de son prédécesseur, Guy Hamilton garnit ainsi intelligemment la saga tout en ne comptant jamais sur ses formidables acquis. Bond n’est ainsi plus qu’un ingénieux enquêteur face à un antagoniste qui dévoilera sa cruauté jusque dans les dernières minutes d’un duel où le célèbre agent double ne pourra se différencier une fois de plus que grâce à son charme et son ingéniosité, Goldfinger déjoue ainsi rapidement les attentes et gagne en superbe et en prestige. Une route pavée d’or alors semble s’offrir au célèbre agent et à la saga.
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