Troisième film de la série, Goldfinger continue dans l’affirmation d’un style et d’un genre.
Après les succès croissants de James Bond 007 contre Dr. No et de Bons Baisers de Russie, Goldfinger enfonce le clou car il bénéficie notamment d’un plus large financement qui permet de développer au mieux les bases posées dans le premier film. Terence Young a cette fois cédé sa place à Guy Hamilton qui apporte une touche supplémentaire d’humour, mais plus porté vers l’absurde (la mouette sur la tête de Bond dans le premier plan, le reflet du tueur dans les yeux de la danseuse, la mamitraillette,…)
C’est aussi dans ce film que le dosage des éléments caractéristiques - pas encore devenus poncifs - est sans doute le plus ajusté. Mais ça manque peut-être parfois de développement. Comme dans les films d’Hitchcock, il n’y a pas de gras, on va à l’essentiel, à l’efficacité, même si l’enjeu est peut-être cette fois moins directement perceptible. On focalise en effet sur Goldfinger qui va voir son or surévalué après l’explosion de la bombe à Fort Knox, et on pense beaucoup moins à l’avantage que tirera le Bloc de l’Est d’un tel attentat.
Le film a marqué les esprits de manière durable grâce à son esthétique. Non seulement celle des décors conçus par Ken Adam (le splendide salon de Goldfinger où il expose son plan aux truands locaux ou l’intérieur des coffres de Fort Knox), mais aussi celle des costumes et accessoires. James Bond n’a plus jamais été aussi élégant qu’ici (exception faite, bien sûr, de la sortie de bain qu’il porte à la piscine). Le moment où Bond retire sa tenue de plongée pour nous faire découvrir un smoking blanc immaculé dans la scène de prégénérique, bien que parfaitement absurde, est le symbole parfait de ce que représente le personnage dans l’imaginaire collectif. Et personne n’a oublié le meurtre de Jill Masterson couverte de peinture dorée. Doit-on encore parler de la fameuse Aston Martin DB5 qui est devenue mythique depuis, grâce à tous ses gadgets improbables ? Le siège éjectable a durablement marqué les esprits. Mais, bien que totalement loufoque, l'effet produit fonctionne toujours auprès du public. Plus c’est gros plus ça passe. Guy Hamilton érigera en maxime ce credo qu’il s’évertuera à appliquer lors de son retour à la série au début des années 1970, mais malheureusement pour obtenir les effets les plus contraires possibles.
Ajoutons à cela un thème musical chanté par la mémorable Shirley Bassey pour poser la cerise sur le gâteau, et la recette obtenue est quasi-parfaite.
On regrettera juste le côté "Quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent" avec claque sur la fesse ad hoc dans le passage à Miami. On avait déjà vu ce genre de chose dans Bons Baisers de Russie, mais au moins Tanya se rebiffait. Donc, bof !
Le film emporta un succès considérable, notamment grâce au carton qu’il fit au box-office étasunien (en plaçant la moitié de l’intrigue aux USA, les producteurs savaient très bien ce qu’ils faisaient). Il faut dire que l’assaut final à la réserve nationale d’or a beaucoup enthousiasmé chez l’Oncle Sam. J’ai personnellement préféré le passage en Suisse et surtout, de loin, la partie de golf.