Avant d’entrer dans le vif du sujet et de parler plus amplement de Goliath en tant que film, petit avant-propos sur un des thèmes qu’il aborde. En insistant sur le fait qu’on a toujours le choix, que l’on choisit les combats qu’on mène, Goliath vient rappeler que ce sont ces combats et ces actions qui définissent qui nous sommes. Alors menez des combats dont vous vous sentirez fier.
Commençons pour cette fois par parler du fond de Goliath avant de parler de la forme. Ce nouveau film de Tellier se décide à parler d’énormément de sujets politiques importants pour nos sociétés contemporaines mais également pour celles de l’avenir. En sortant du film, des spectateurs débattaient de ce qu’ils venaient de voir, preuve ultime de la réussite du film : il fait réagir. Dans les faits en décidant de s’attaquer à de nombreux sujets, peut être trop, Goliath multiplie les scènes intéressantes autour du combat politique : les manifestations, les sittings, les débats au parlement européen, la désobéissance civile, les menaces des lobbys, l’importance des médias, la corruption, la manipulation à l’ère d’internet et même de l’impact de la pandémie mondiale sur nos vies. Toutes ces scènes sont intéressantes et on ne s’ennuie pas devant le film pour une raison assez simple : la politique intéresse.
Néanmoins en s’éparpillant sur de trop nombreux sujets le film souffre de ne pas avoir une colonne vertébrale solide. Goliath est une succession de scènes intéressantes se terminant par un semi-deus ex machina, un peu faible de ce côté-ci. En 2014 Tellier traitait l’affaire Sk1 en construisant son récit de manière intéressante, notamment autour du personnage de Raphaël Personnaz que l’on voyait évoluer en parallèle de cette affaire. Ici Tellier se rate un peu plus dans la construction de son film en se faisant succéder les nombreuses scènes autour de la vie politique en ne pensant jamais à faire évoluer ses personnages. Entre le début et les dernières secondes du film ils restent figés, preuve de plus que face à ces Goliath plus personne ne peut avancer.
La multiplicité du nombre de personnages a donc le défaut de pouvoir moins les faire évoluer mais elle a tout de même un avantage intéressant, surtout lorsque l’on connaît le sujet du film : multiplier les points de vue et donc les moyens d’actions politiques. Aucun d’entre eux n’a les mêmes frondes pour lutter tandis que Goliath possède et manipule absolument tout. En multipliant les personnages Goliath multiplié également les interprétations, excellente pour une Emmanuel Bercot toujours juste et un Pierre Niney hautain et cynique tandis que bien plus mitigé pour un Gilles Lellouche toujours en surjeu.
Goliath est un film dont la mise en scène est souvent fainéante, dont les interprétations sont parfois peu convaincantes et surtout au scénario assez faiblard. Mais on arrive à excuser ces défauts tant le film nous fait vivre des scènes fortes et intenses (vous savez desquelles je veux parler) et surtout tant son propos est important. Vivier gigantesque, à la hauteur de son sujet, Goliath fait réagir et réfléchir sur tant de sujet qu’il en devient forcément intéressant.
Et surtout il a la très bonne idée de se terminer sur ce dernier plan beau et calme, preuve littérale que les efforts ont porté leurs fruits. Que l’espérance existe encore.