Bien entendu, le modèle de Goliath est le cinéma américain, pour dénoncer la toute puissance de ces grandes entreprises sans moralité dès lors qu'il s'agit d'engranger des bénéfices énormes, fût-ce au mépris de la santé publique. Malgré une mise en place un peu poussive, le film de Frédéric Tellier réussit à être parfois efficace dans ce qu'il dénonce, quoiqu'il y ait toujours des controverses quant à la vérité scientifique de la toxicité des pesticides. Efficace mais pas toujours convaincant, en particulier dans les portraits des victimes et de leur défenseur, un Gilles Lellouche assez inégal et pas toujours crédible. En revanche, le cynisme des "méchants" est parfaitement illustré avec un Pierre Niney remarquable, très à l'aise dans la personnalisation de la glaciale attitude des géants de l'agroalimentaire (à comparer à celle des laboratoires pharmaceutiques dans La fille de Brest, par exemple). Là où Goliath pêche, outre dans ses excès mélodramatiques et sa lourdeur d'exécution, c'est dans la place abusive accordée à la vie privée de ces trois personnages principaux. Nombre de scènes auraient pu être écourtées ou supprimées au profit du duel Lellouche/Niney qui ne se concrétise presque jamais de manière directe. Goliath a un côté programmatique bien trop clair et dénué de subtilité pour réussir totalement son pari de mixer thriller et film militant. Et du pur point de vue cinématographique, Goliath n'a pas l'éclat ni la nervosité attendus malgré la sincérité et la colère de l'ensemble.