Goliath raconte l'histoire de trois personnages, qui ne se croiseront presque pas, liés autour de l'usage agricole d'un pesticide, le Tétrazine, probablement cancérigène.
Trois personnages pour trois points de vue : la militante pour son statut de victime combattante, l'avocat pour sa quête de vérité et de justice, le lobbyiste pour son travail d'influence. En pratique le film se concentre et trouve son intérêt dans la confrontation entre le travail de l'avocat des victimes supposées et celui du lobbyiste dans le monde industriel-politique-médiatique.
Le film est documenté et aborde des sujets bien connus de notre société notamment celui de Monsanto avec son herbicide le glyphosate et de son renouvellement d'autorisation en Europe, mais également la détresse du monde agricole par les suicides de ses agriculteurs, les affaires de cluster des bébés malformés (sans-bras), la répression ferme d'une action militante bloquant un pont.
Malgré cela le film perd dans son propos et dans sa force politique par son manque total de subtilité, de finesse, de nuance. Ainsi l'histoire aurait dû peut-être se limiter à la confrontation à distance entre l'avocat et le lobbyiste et éviter ainsi les gros sabots du personnage de la militante, incarné par Emmanuelle Bercot qui flirte tout le long avec le surjeu, dont les scènes sont toutes aussi pathos / tire-larmes.
Le film se termine d'ailleurs par un face caméra puis le générique de fin est amorcé par le fameux poème de Victor Hugo récité par un enfant.
Enfin, une autre critique est le manichéisme total du film. Certes, cela correspond peut-être à notre monde, mais cela dessert ici le récit et sa crédibilité. En effet, le lobbyiste - Pierre Niney, académique - est partout que ce soit aux réunions industriels, ministériels, au Parlement européen ou encore dans les coulisses des plateaux TV. Partout et également à l'origine de tous les coups tordus possibles, de la "séduction" à l'agression de ses adversaires ou de leurs proches, en passant par l'extorsion, la corruption, l’harcèlement (trolls internet, menaces de mort). De même, l'avocat - Gilles Lellouche - fragile, démuni et esseulé.
Frédéric Tellier rate le traitement de son sujet, au combien important. Jacques Mandelbaum, critique pour Le Monde, résume parfaitement :
Un dossier efficacement troussé, entre thriller et cinéma militant, qui ne souffre guère la contestation, mais dont le goût pour le pathos et l'édification morale eût gagné à être plus retenu.