Par quel bout prendre ce nouvel opus de Peter Greenaway ? Difficile à dire car, depuis un petit moment, il essaie d'exploser le cinéma en un mélange de tous les arts possibles, la danse, la littérature, l'architecture, la musique, la peinture, ... Cela donne selon l'humeur, un gloubiboulga indigeste, pompier et fumeux ou une oeuvre d'art conceptuelle qu'il faut recevoir comme telle et non comme un film habituel. "Goltzius et la compagnie du Pélican" est rangé, pour ma part, dans la deuxième catégorie.
Le point de départ est une évocation d'Hendrick Goltzius, peintre et graveur du 16ème siècle qui, pour pouvoir maintenir son activité essaie de se faire sponsoriser par un prince en faisant jouer par ses ouvriers et ouvrières six moments érotiques de l'ancien testament.
La narration est bien sûr assez distordue. Ca a été filmé dans une ancienne gare croate désaffectée dont les structures métalliques sont la base du décor. Un narrateur, un peu bouffi et efféminé apparaît régulièrement, proférant des sentences intelligentes (enfin, je pense car tellement nombreuses et sans doute signifiantes que bien vite mon esprit a été noyé...) sur la religion et le sexe et lançant les six tableaux érotiques promis, dans une image où par incrustation, apparaissent des fragments de textes écrits, des tableaux, ...
Le gros du film est évidemment cette représentation des textes érotiques de la bible couplés avec les plus grands péchés : l'inceste, la prostitution, la nécrophilie, le voyeurisme, ... Dans une disposition scénique assez minimale mais complexifiée par une scène rotative ou une cage suspendue, ou des lits surdimensionnés, en costume d'époque flamboyants et le plus souvent totalement nus, les comédiens jouent ces scènes avec conviction et aisance. Je dis aisance car, il est rare de voir des acteurs aussi à l'aise dans leur nudité, offerte sans artifice, déclamer un texte pas mal alambiqué. Les corps sont dans ce film généreusement offerts, sans aucun voile ni artifices habituels (vous savez tous ces objets qui viennent judicieusement cacher un sexe ou une fesse). Et malgré les situations décrites, franchement crues, à l'écran ce n'est jamais vulgaire, ni voyeur, ni impudique.
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pilyen
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le 9 févr. 2014

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