Du vrai cinéma, et du meilleur...
Si l'on oublie un instant son sujet, imparable (un choc) et essentiel (la manière dont le crime peut corrompre l'essence même de la société), "Gomorra" est aussi du vrai cinéma, et du meilleur : une fois évacués dans la première scène les stéréotypes du film de genre (coups de flingues, réglements de compte), Garrone filme à la juste distance une humanité malade, à la dérive dans un univers où les repères moraux ont disparu, comme l'exprime tristement la trajectoire centrale des deux ados choens fous qui croient vivre le rêve DePalmaesque de Tony Montana, et ne nous paraissent que deux tristes bouffons condamnés à l'avance. L'absence de tout contexte politique, reproché au film, aide encore à la cruauté de cette vision d'une véritable béance sociale. [Critique écrite en 2008]