Tous ceux qui usent à tort et à travers de l'expression "proposition de cinéma" vont cette fois pouvoir l'employer à très bon escient avec Gondola de Veit Helmer. Le réalisateur allemand de Absurdistan, notamment, nous invite en effet dans les montagnes de Géorgie, et plus précisément à bord de deux téléphériques à l'ancienne qui relient deux de ses flancs. En bonne compagnie, celle de deux jeunes employées qui, séparément, accompagnent et encaissent les rares clients locaux. Ah oui, il faut signaler que le film est entièrement muet et qu'il développe un esprit à la Tati, avec une créativité sans cesse renouvelée, pour envisager différentes situations, et une fantaisie de tous les instants. Ce ne sont cependant pas de véritables gags qui rythment le film mais de purs moments de poésie, suspendus dans les airs. Et c'est aussi une charmante comédie romantique qui prend tout son temps pour arriver à destination, alors que les cabines du téléphérique se croisent toutes les demi-heures, le plus souvent vides. Ou alors lestées de personnages pittoresques et attachants, qui font de courtes apparitions. Les deux actrices principales, quant à elles, pour être privées de la parole, n'en sont que plus expressives et bien décidées à ne pas se laisser exploiter par leur vilain chef. Le scénario est minuscule mais ses ressources en imagination sont sans limite et le charme des interprètes fait le reste.