Première réalisation de Ben Affleck - qui pistonne au passage son petit frère Casey - Gone Baby Gone adapte un roman de Denis Lehane qui à force doit rouler sur l'or...
Un peu comme le réalisateur qui pourra se payer le luxe de deux pointures particulièrement convaincantes : Morgan Freeman, et surtout Ed Harris. Et comme j'avais plutôt aimé son futur Argo, je partais avec un à-priori positif sur ce thriller...
Mais non, l'introduction m'a d'emblée mis la puce à l'oreille : une voix-off nous présente avec une naïveté certaine sa vie de banlieusard bostonien. Les violons sont de sortie, il se réfère déjà à Dieu, ça sent à plein nez la guimauve hollywoodienne, et le pathos ne tardera pas à suivre... Cette voix, c'est celle du pieux détective banlieusard (Casey Affleck) que l'on suivra tout au long de son enquête visant à retrouver la petite Amanda, fille d'une camée particulièrement antipathique. Sa femme, elle aussi enquêtrice, le suit telle une ombre, parce que à part débiter quelques conneries pro-peine de mort et agir sans réfléchir, on ne voit pas bien à quoi elle sert dans cette enquête...
Lui, la croix pendue à la chaîne autour de son cou, tel le bon samaritain, et au sortir d'une clinique nommée "Our sister of infinite mercy", n'aura pas la même vision des choses : "tuer est un pêché !". Un résumé du niveau de réflexion de Gone Baby Gone. Le pire, c'est que j'ai rarement vu un film où se succèdent autant de plans de croix, de figurines pieuses, etc. Et à ce niveau-là, c'est juste du bourrage de crâne.
Quant à l'enquête, elle paraît d'abord assez banale : les enquêteurs et les flics ont du mal à s'entendre mais doivent cohabiter, etc. On connaît la musique. Heureusement la suite nous réservera quelques surprises... Des twists quoi ! Mais aussi pas mal de trucs invraisemblables. Les scènes de rebondissements tombent à l'eau l'une après l'autre (si vous voyez ce que je veux dire), des coups de feu sont tirés d'on-ne-sait-où, et une intrusion masquée tournera d'emblée au ridicule... Sans compter ce twist final qui m'a laissé d'une grande perplexité.
Le plus étonnant pourtant, c'est que j'ai trouvé le dénouement plutôt réussi sur la forme. Etonnant parce que globalement, si la réalisation s'avère plutôt soignée, sa banalité reste confondante... Et pourtant ça fonctionne ! Et ce malgré un fond terriblement moralisateur. Un dénouement à l'image de l'ensemble du film en quelque sorte...