Gone girl est avant tout un film d’ambiance. Ne cherchez pas de Mind Fuck à la Fight Club ou de twists chocs. Certes le film propose sont petit lot de révélations mais tout se fait de manière assez linéaire et logique. Fincher réalise ici un film plutôt dans la lignée de Zodiac ou de Millénium. Sauf qu’au lieu de suivre l’enquête policière/journalistique, cette fois on suit les destins de Nick et Amy.

La grande originalité de l’histoire tient au fait qu'on ne se limite pas au présent, à l’enquête proprement dite, et aux flashbacks de la déliquescence du couple des bonheurs de la rencontre au mal-être de cette vie conjugale, mais que l’histoire se poursuit au-delà de l’enquête. Film policier en apparence il s’agit en fait d’un thriller explorant les relations de couples, les jeux amoureux et les faux semblants. En ce sens ce film m’a beaucoup fait penser à Eyes Wide Shut mais les références de Fincher dans ce film sont assez clairement hitchcockiennes notamment avec cette héroïne blonde qui peut se montrer aussi bien froide qu’extrêmement sensuelle.

L’image, le paraître est abordé de manière assez cynique (et j’adore ça) : Tout dans ce film est une question d’apparence et de faux-semblants. L’image d’Amy érigée en victime sacrosainte par les media et une foule panurgiste (pas sûr que ce mot existe). L’image de Nick dont la naïveté et la bêtise le conduira d’homme plaint (et même convoité par quelques célibataires) à celui de coupable désigné. Le rôle d’Ellen Abott, journaliste pseudo-féministe, prompte au jugement, hypocrite à souhait qui guide l'opinion est délectable. Le rôle de l’avocat, sorte de Gimini Cricket initiant Nick à la manipulation des media et de l’opinion publique, est aussi assez drôle. D'ailleurs les seconds rôles de manière générale (le voisine, les parents, les flics) sont tous révélateurs à leur manière.
Dès la rencontre entre ces 2 personnages, le jeu de dupe commence. Tout d’abord en commentant l’apparence de plusieurs des hommes de la salle. Untel est un intello prétentieux récitant Proust en français, untel est un hypster, etc. Puis il y a cette scène (esthétiquement très jolie) où la poussière de sucre vole tout autour d’eux pareille à une neige très fine. Toute leur relation sera décrite par des jeux où ils prétendent ne pas être qui ils sont jusqu’aux jeux sexuels qui parsèment leur vie de couple dans ces « chasses au trésor ».

Esthétiquement le film ressemble à son héroïne : d’un côté diaphane presque fragile et de l’autre froide et acéré. Fincher réalise un film épuré, rien de clinquant, si ce n’est 2-3 effets de montage très réussis, mais totalement maîtrisé. Un film qui vous accroche et ne vous lâche plus jusqu’à cette conclusion sombre comme je les aime.
ghyom
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Attentes 2014, Les meilleurs films des années 2010, Les meilleurs films de David Fincher, Les meilleurs films de 2014 et 2020

Créée

le 9 oct. 2014

Critique lue 641 fois

29 j'aime

5 commentaires

ghyom

Écrit par

Critique lue 641 fois

29
5

D'autres avis sur Gone Girl

Gone Girl
Sergent_Pepper
8

Amy pour la vie

Brillantes, les surfaces de verre et les chromes étincelants des 4x4 d’une suburb impeccable du Missouri. Brillante, la photographie d’un univers bleuté, haut de gamme, au glacis de magazine. Beaux,...

le 22 oct. 2014

225 j'aime

22

Gone Girl
Kobayashhi
8

Lettre ouverte...

David Fincher, Il a fallu attendre que tu entres dans ta cinquième décennie pour réaliser ton plus beau film, il faut dire que contrairement à certains je ne t'ai jamais réellement voué un culte...

le 10 oct. 2014

182 j'aime

12

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

Du même critique

Citizenfour
ghyom
8

A travers le PRISM de Laura Poitras.

« Citizenfour » ne cherche pas à expliquer le fonctionnement de l’espionnage systématique massif mis en place par la NSA et le gouvernement américain. Il ne cherche pas non plus à condamner et à...

le 25 févr. 2015

56 j'aime

7

Mad Max - Fury Road
ghyom
9

Histoire d'un aller et retour

La première chose qui frappe dans ce film c'est la photographie. C'est tout simplement somptueux. Bien aidé il est vrai par les paysages, il faut tout de même noter le travail fantastique de John...

le 17 mai 2015

38 j'aime

5

Seul au monde
ghyom
3

Critique de Seul au monde par ghyom

"Seul au monde" c'est l'histoire de Robinson Crusoé, sauf que Robinson a un sens du devoir qui dépasse l'entendement (et tout sens logique) et que Vendredi est un ballon de Volley. Évidemment si...

le 1 avr. 2014

36 j'aime

10