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Le nouveau Fincher. Comme tout artiste que l'on aime, que l'on suit s'en l'aduler comme un hystérique, le nouveau film de Fincher, c'est comme le nouvel album d'Indochine ou le nouveau livre de Stephen King: on sait qu'il sera excellent, on veut juste savoir si ce sera un chef d’œuvre. Terrible, ça impose un devoir d'excellence et de ré-inventivité.

Et on n'est pas déçu. Adapté d'un roman très récent qui a apparemment fait fureur d'après la bande annonce (mais que je n'ai pas lu, comme la plupart des personnes de ce monde), Gone Girl est l'histoire de la disparition d'une femme, Amy (Rosamund Pike), le matin du 5ème anniversaire de mariage du couple qu'elle forme avec Nick (Ben Affleck). Affolé, Nick appelle la police pour constater qu'une scène de bagarre à eu lieu dans le salon, et que sa femme ne donne plus de nouvelles.

Pitch de départ, qui évoluera au fil de l'intrigue que je ne spoilerai pas, car c'est un des attraits du film. Tout le long métrage passe d'un point de vue à un autre, pour donner différents angles de vues sur la situation. Différentes interprétations d'une même situation. Et nous, pauvres spectateurs, devons suivre le point de vue de Fincher sur les points de vue ? Oui et non, car c'est le grand jeu de ce film: allez-vous suivre le point de vue du réalisateur ?

Fincher suit l'intrigue qu'il est fixé de suivre avec sa réalisation, mais attache énormément d'importances à ces personnages. Comment ils réagissent, comment ils agissent, pourquoi disent-ils telle chose ? Ben Affleck et Rosamund Pike sont MONSTRUEUX dans ces rôles (surtout Rosamund Pike), c'est une ré-découverte de ces deux acteurs. La mise en scène est suffisamment pointue pour qu'on suive dans un fauteuil ce qui nous est dit, mais aussi très libre pour nous laisser croire autre chose. L'intrigue nous ballade, Fincher aussi, les acteurs aussi. Tout n'est qu'apparence aussi bien dans le fond du récit que dans la forme donnée.

C'est le genre de film qu'il faut voir, revoir, re-revoir pour y déceler autre chose, une autre vérité peut être. En trois actes bien distincts, on se retrouve à penser une chose, puis une autre, pour enfin changer d'avis trois fois. Comme cette masse de public voyeurs qui veut toucher ces personnages réels, on en vient à juger hâtivement, berné par le(s) média(s). Leur média, c'est la télé. Notre média, c'est la mise en scène de Fincher. Selon le point de vue pris, on en vient à voir des choses différentes. Tout n'est que point de vue.

En filigrane, Fincher se fout bien de la tronche des médias sensationnalistes, qui fondent des certitudes sur des images volées et sorties de leur contexte. Tout les personnages sont conscients qu'il faut "faire bonne" figure devant les médias, chacun semble posséder ces codes en eux. Des personnes qui ne sont censés ne pas avoir à se soucier des apparences, en viennent à se contrôler totalement en public, pour paraitre le plus transparent possible. Le bonheur absolu est devenu celui qui s'affiche, pas celui qui se vie.

Il y a tellement à dire sur ce film, et encore, tout ça en un seul visionnage. Film fleuve de 2h20 (comme les affectionne le réalisateur), il appelle à le revoir, pas par masochisme, mais par plaisir de découvrir des détails qui peuvent nous inciter à découvrir une autre piste, un autre regard sur les événements. Qui a raison ? Qui ment ? Un juste milieu peut être ? Ce film est tout autant un jeu pour ses spectateurs, qui recherche le moindre détail pour en faire une piste, qu'un beau portrait sur la société médiatique. Fincher veut nous transformer en chercheurs d'indices, en fouille-merde, comme les journalistes des revues à scandales. Et on va tomber dedans, parce que c'est jouissif.
Yellocrock
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le 13 oct. 2014

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Yellocrock

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