Froid et radical, Gonin est un film qui possède de très grandes qualités visuelles, mais aurait parfois mérité un traitement moins hystérique. Takashi Ishii possédant un sens de la mise en scène stylée indéniable. Chaque excès ou sur-filmage et rattrapé par une séquence esthétisante. En cela ce réalisateur possède une grande qualité de faiseur.
D'une violence sans concessions, étalant quelques scènes à la teneur quasi malsaines, étant en parfaite adéquation avec le sujet traité, le monde de la nuit Tokyoïte et ses yakuzas psychopathes, Gonin demeure l'un des meilleurs exercices de style du genre.
Exercice de style, car de la mise en scène d'Ishii découle une volonté d'en montrer quitte à parfois tomber dans les excès démonstratifs découlant de cette manière d'appréhender son sujet. Esthétiquement le filmage incessant nous assène quelques morceaux de bravoure dressant des tableaux cauchemardesques comme ce long plan-séquence montrant à la fois la torture de l'un des protagonistes et le viol de sa compagne d'infortune.Tant qu'à montrer l’inconcevable autant le montrer crument.
Takeshi Kitano y apparait en tueur à gages complètement déjanté qui frappe et viole son associé avec une sorte de jouissance et finit par pleurer sa mort. L'un des nombreux personnages complètement cinglés qui jalonne ce film à la beauté distante mais présente en permanence par un habile jeu de contrebalancement.
Le script quant à lui dresse une trame assez convenue, une histoire de casse qui tourne au vinaigre, et n'est pas le principal intérêt de cette œuvre. C'est dans une sorte de volonté d'esthétiser la radicalisation de la violence et l'hystérie de ces personnages qu'Ishii trouve un point d'accroche et un fil conducteur viable à ce film boursoufflé aux audaces visuelles stupéfiantes.