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Tout se passe sur des écrans, à des milliers de kilomètres, bien au chaud dans des boîtes métalliques, près de Las Vegas. On n'y voit des joysticks, des claviers d'ordinateurs, des explosions silencieuses digitales. Des blagues fusent, le soleil brille. Tout paraît tranquille, ennuyeux, aseptisé. Sans hurlements, sans gerbes de sang. Alors pourquoi la guerre a-t-elle rarement paru aussi laide à l’écran ?
Parce qu'Andrew Niccol, qui retrouve ici la force narrative de Lord Of War (en y enlevant les quelques tics tape-à-l’œil), sait y faire pour montrer l'horreur des conflits et leurs impacts sur les consciences.
Présent dans la salle au moment de la projection, le réalisateur semblait blaguer en disant que ce film n’avait pas reçu la bénédiction de l’armée américaine et que qu’il racontait, devait donc être vrai. On est fortement tenté de le croire sur parole.
S'aidant du visage fatigué mais toujours beau gosse d'Ethan Hawke (parfait en militaire torturé par son devoir), il montre l'absurdité d'une guerre à distance, où l’on retire aux militaires leur seule raison d'être : la peur du combat, l'appréhension du danger pour les confiner dans des blocks où ils tueront à distance des terroristes.
Des terroristes certifiés, qui le seront de moins en moins, au fur et à mesure que la CIA reprend le contrôle des opérations. À partir de là, on ne tue plus selon des certitudes basées sur des preuves concrètes mais grâce à des probabilités qui découlent de schémas de comportement. Et surtout, on ne se soucie plus guère des dommages civils collatéraux, réduits ici à des quantités chiffrées nécessaires (il suffit de voir en action le principe de la seconde frappe, soit lancer un missile quelques secondes après le premier, pour tuer les sauveteurs et ainsi sans doute une poignée de terroristes, pour comprendre la mécanique inhumaine qui est à l’œuvre).
Le réalisateur n’a alors « plus qu’à » montrer les ravages psychologiques sur le visage de son acteur principal pour que toute la monstruosité de la guerre ressorte. Nul besoin ici de scènes « chocs » pour comprendre mais juste de quelques passages où Ethan Hawke se saoule à la vodka au petit-déjeuner. Nul besoin de scènes tires-larmes de couples, comme dans American Sniper par exemple (auquel le film fait forcément écho) mais juste d'une dispute violente qui éclate soudain, dont les mots tapent encore plus durement que les balles : « C’est le combat qui te manque ? C’est ça ? Tu veux me frapper, hein ! Tu aimes ça ! Ca ne serait pas la première fois ! » hurle January Jones (très juste) à Ethan Hawke.
Non, nul besoin de spectacle ou de patriotisme réac.
Tout juste d'une larme qui apparaît sur une des militaires, lorsqu’après qu’un missile ait tué une douzaine de terroristes (incluant sans doute des civils), une voix laconique annonce « Good kill ».
Bouleversant.
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Créée
le 1 avr. 2015
Critique lue 396 fois
4 j'aime
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