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Alors alors Andrew Niccol, est-il revenu en bonne forme avec son Good Kill ? À cette question (bateau) nous tacherons d'y répondre au fur et à mesure durant cette critique.
Pas emballé du tout par la distribution faite autour du film (au niveau des teasers, des trailers, de l'affiche etc..). Seul le nom du réalisateur et celui de l'acteur principal m'ont suscité un intérêt grandissant pour ce film. Pourquoi me diriez-vous ? Parce qu'Andrew Niccol a déjà collaboré avec Ethan Hawke sur deux excellents films : "Bienvenue à Gattaca" en 1997 et "Lord of War" en 2005 (juste après son film "Simone"en 2002). Ces deux derniers films récents "Time Out" et "Les âmes Vagabondes" n'ont pas fait l'unanimité auprès du grand public et aux cinéphiles les plus aguerris tels que vous.
Alors de quoi sa parle ? Andrew Niccol a fait le choix de traité un sujet qu'on connaît si bien mais qu'on connaît si peu aussi. Il s'agit de cette guerre 2.0 porté sur les drones de combat. Cette guerre derrière un écran à distance, cet instrument technologique venant changer inévitablement les modes et les pratiques de faire la guerre. Où le terrain cède sa place au fauteuil confortable, et dont l'arme à feu, quant à elle, se change en joystick.
Au niveau de la construction scénaristique, Andrew Niccol n'arrive vraisemblablement pas à maitriser son sujet à la perfection. On a l'impression que le cinéaste récite sa leçon, son exposé. Et que par conséquent, on constate que le traitement du sujet est manichéen, qu'il manque beaucoup de subtilité et ne veut donc susciter que des réactions auprès du spectateur. C'est là que Good Kill manque sa cible, mais c'est là aussi que le cinéaste veut peut être justement susciter notre indignation auprès de son film, de susciter des commentaires, des avis pour nous faire bousculer. C'est peut être très flatteur de sa part certes, mais la construction et la démarche scénaristique relatent inévitablement des maladresses.
On en arrive donc à parler de la réalisation d'Andrew Niccol. Ici, c'est peut être le point fort du film où le cinéaste maitrise de bout en bout l'aspect filmique afin de décrire son histoire, son scénario (maladroit comme je viens de le dire précédemment). En effet, la lenteur et l'aspect répétitif du film n'est pas involontaire de sa part. Justement, le cinéaste vient retranscrire scénaristiquement à l'écran la monotonie endurée par les personnages et donc accentuer l'aspect dramatique et psychologique insufflé par cette guerre à distance tout en montrant l'univers où son personnage principal évolue. On peut aussi accentuer cette idée grâce au travail fait par le chef opérateur : Amir Mokri qui a fait un travail assez sensationnel concernant la photographie. Nous montrant avec beaucoup de contraste, les paysages contemplatives et désertiques de Las Vegas en le superposant parallèlement à cette guerre à distance dont la perception et le regard se fait derrière un écran, dans un huit-clos insoutenable tel que le spectateur pourrait le voir derrière sa télévision en regardant les infos.
Ce qui nous amène à parler des protagonistes. Et comme je l'ai dit précédemment l'écriture du scénario est assez manichéen et ayant donc un impact assez considérable sur la caractérisation des personnages. Il semblerait qu'on est en présence d'un match confrontant Ethan Hawke & Zoë Kravitz (qui remette les choses en doute) vs Jake Abel & Dylan Kenin (jouant les crétins patriotiques) avec au milieu, un arbitre porté par Bruce Greenwood (qui semble assez compréhensible). Et ce traitement des personnages véhiculant chaque idées portés par le scénario d'Andrew Niccol représentent une maladresse et donc une faiblesse. Le seul point positive concernant les personnages c'est que Ethan Hawke et Zoë Kravitz arrivent à donner assez de consistance et de nuance dans leurs rôles et dans leurs expressions faciales (de manière individuel). On peut retenir que l'acteur principal arrive à insuffler et à confronter avec intelligence le point de vue du soldat et celui du vétéran, de les faire interagir en même temps : Ce qu’Ethan Hawke / Tom Egan voit au « combat », il le ramène chez lui à la fin de la journée. Par cela, nous pouvons dire que les acteurs arrivent à extirper leurs personnages des stéréotypes émises par l'écriture du scénario d'Andrew Niccol, en leur donnant ainsi de la consistance et du contraste dans l'histoire.
En conclusion, et pour répondre à la question émise au tout début, Andrew Niccol arrive partiellement à revenir sur le devant la scène avec Good Kill (et cela, même avec une nouvelle collaboration avec Ethan Hawke). Ici, nous retiendrons la réalisation et l'interprétation émise par ses acteurs plutôt que l'écriture d'un scénario qui semble montrer que ses faiblesses. Néanmoins, on peut insinuer qu'Andrew Niccol veut nous faire interpeler et veut nous montrer que ces armes, ces attaques à distance, à la fois imprévisibles et invisibles, sont un miroir parfait du fameux terrorisme dont ils essayent de lutter.
Créée
le 17 mai 2015
Critique lue 321 fois
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