Good News
6.4
Good News

Film de Charles Walters (1947)

La comédie musicale est un genre miné : réussie, c'est un déferlement de pure allégresse, de fantaisie bon enfant, une parenthèse enchantée qui vous fait oublier le sombre quotidien, vous donne des ailes, et à peine sorti de la projection, pendant quelques minutes, heures, voire jours, vous avez envie de chanter et de danser avec le premier ananas venu, la vie est devenue un Gin-Fizz géant.
Mais le revers de la médaille est violent : ratée, vous ne voyez plus que des rictus de fausse joie, des tartines de bons sentiments frelatés, d'horribles vieux enfants qui ne veulent pas grandir, et qui sont prêt à jouer avec des poupées mortes plutôt que d'accepter de voir l'atroce vérité en face : tout passe !

Ce qui fait la merveille du genre, c'est ce danger, ce frôlement de l'abîme permanent : tombera, tombera pas ? Malheureusement, avec son Good News, Charles Walters choit les deux pieds dedans. C'est dommage, car le côté "Gossip Girl en 1927" aurait pu donner lieu à une intrigue légère et charmante, simple prétexte à des numéros enjoués, des imbroglios estudiantins, des chorégraphies turbulentes et colorées... Là, Walters grille la plupart de ses cartouches dès les 3 premières minutes du film, tire une salve - indienne - au milieu, et remet le couvert à la fin, espérant camoufler ainsi la pauvreté des autres numéros musicaux. Pourquoi donc tout miser sur l'intrigue, alors qu'elle est ridiculement mal ficelée, que ses ressorts sont lourds comme un hippopotame en tutu, que les personnages sont au-delà du caricatural et que les acteurs (qui ont tous quinze ans de trop) plus mauvais que dans une telenovela bulgare ?

Réaliser une comédie musicale, c'est un peu comme se lancer dans une mousse au chocolat : de bons ingrédients, c'est important, mais ça ne suffit pas. Il faut le tact, le doigté, la ferme évanescence du grand cuisinier, qui sait mélanger l'amertume du chocolat à la merveilleuse légèreté des œufs en neige. Appuyez le trait, comme ici, et les bulles de champagne se transforment en indigeste soupe à la grimace : tout ce que vous y gagnerez, c'est une affreuse crise de foi !
Chaiev
4
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2011

Critique lue 493 fois

8 j'aime

5 commentaires

Chaiev

Écrit par

Critique lue 493 fois

8
5

D'autres avis sur Good News

Good News
Chaiev
4

Matière Grease

La comédie musicale est un genre miné : réussie, c'est un déferlement de pure allégresse, de fantaisie bon enfant, une parenthèse enchantée qui vous fait oublier le sombre quotidien, vous donne des...

le 16 janv. 2011

8 j'aime

5

Good News
Torpenn
6

Hilarant Clinton !

Un de ces films tellement sur-vendus par Charlie Brown, qu'on en sort forcément un peu déçu... Un film d'université avec pas mal de bons morceaux, mais pas trop d'histoire, ce qui ne serait pas si...

le 16 janv. 2011

8 j'aime

8

Good News
Hélice
6

Pour un nouveau prophète...

Un film vanté. Qui aurait pu être adoré. Une potentielle découverte waltersienne. Et finalement, un peu décevant. Une jeune étudiante rêve mariage avec le garçon le plus mufle qui soit. Elle accepte...

le 16 janv. 2011

7 j'aime

8

Du même critique

Rashōmon
Chaiev
8

Mensonges d'une nuit d'été

Curieusement, ça n'a jamais été la coexistence de toutes ces versions différentes d'un même crime qui m'a toujours frappé dans Rashomon (finalement beaucoup moins troublante que les ambiguïtés des...

le 24 janv. 2011

287 j'aime

24

The Grand Budapest Hotel
Chaiev
10

Le coup de grâce

Si la vie était bien faite, Wes Anderson se ferait écraser demain par un bus. Ou bien recevrait sur le crâne une bûche tombée d’on ne sait où qui lui ferait perdre à la fois la mémoire et l’envie de...

le 27 févr. 2014

270 j'aime

36

Spring Breakers
Chaiev
5

Une saison en enfer

Est-ce par goût de la contradiction, Harmony, que tes films sont si discordants ? Ton dernier opus, comme d'habitude, grince de toute part. L'accord parfait ne t'intéresse pas, on dirait que tu...

le 9 mars 2013

244 j'aime

74