Night Fall
Alors que les festivaliers de Cannes commençaient à piquer du nez, l’ouverture de Good Time a soudain électrisé le Grand Théâtre Lumière. Après un prologue d’une belle singularité, focalisé sur les...
le 13 sept. 2017
99 j'aime
10
Les Frères Safdie n'ont-ils pas berné le tout Cannes en acquiesçant malicieusement à chaque question concernant la provenance de "Good Time" ?
Oui peut-être...(...)
Sidney Lumet alors ?
Des réponses un tantinet consensuelles destinées à ne jamais froisser les journaleux présents sur la Croisette et de ne pas mettre dans l'embarras les égos cinéphiles bien heureux d'avoir trouvé des accointances entre "Good Time" et la crème du Nouvel Hollywood. La conduite des frangins peut s'expliquer par la soudaine prise de conscience du staff Cannois (Fremaux en tête) du potentiel Arty de la forme et du fond prolétaire des personnages. Une liberté de ton qui sonne comme une force de frappe authentique complètement en dehors de ce que Scorsese ou Lumet ont élaboré des années à bord des Majors. Le Ciné des Safdie n'a, sur le papier du moins, qu'une ambition restreinte et c'est "sur scène" que la note d'intention prend toute son ampleur. Contrairement à "Mean Streets" ou encore "Un après-midi de chien", "Good Time" ne créer aucune mythologie autour de ses protagonistes et ne construit jamais sa légende derrière une performance de comédien. Une impossibilité d'ériger, en quelque sorte, une statue à l'effigie de deux petits cons sans aucune envergure. Le souhait est avant tout de jouer sur l'empathie du spectateur et d'assister impuissant à la spirale négative et personnelle de deux parias en survêtements bouffeurs de bitume. Deux racailles paumées dont on ne saura jamais si l'envie est de leur botter le cul ou bien de les serrer dans nos bras. Dépouillé de ses raccourcis faciles, le métrage peut se révéler en terme de références autre que cinématographique. "Good Time" est une expérience profondément graphique et c'est à chacun d'y voir ce qu'il lui plaît. Pour une fois la subjectivité (terme aujourd'hui galvaudé) est réellement de mise.
STREET ART
Deux silhouettes encapuchonnées furtives dans les rues de Frisco. A l'instant T, cette fuite en avant perpétrée par les frères "Nikas" aura été vue mille fois sous l'angle social mais jamais sous l'angle artistique. "Good Time" entretient un lien indéfectible avec l'Art Urbain. Celui du mouvement spontané orchestré à la bombe de peinture. Toute la volonté des frères Safdie semble donc se tourner vers la composition d'un Graff géant d'1H42. Un Travail sur la colorimétrie misant sur les rouges profonds découpant l'aspect bétonné de San Francisco évoque à lui seul la technique du pochoir à travers une scène de casse. Une autre se déroulant dans un parc d'attractions voit nos paumés au beau milieu d'un train fantôme s'enfoncer peu à peu vers un destin funeste. Des plans tout droit sorti du flou artistique d'un Banksy dont le catalogue de figures expérimentales s'attachent avant tout a créer un effet nonsensique. Une occasion pour la fratrie d'interroger leur cinéma sur une nouvelle forme proche de la culture populaire qui sent bon l'asphalte.
Créée
le 14 avr. 2018
Critique lue 1.1K fois
50 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Good Time
Alors que les festivaliers de Cannes commençaient à piquer du nez, l’ouverture de Good Time a soudain électrisé le Grand Théâtre Lumière. Après un prologue d’une belle singularité, focalisé sur les...
le 13 sept. 2017
99 j'aime
10
Porté aux nues par la critique et le public lors de sa présentation à Cannes, puis ignoré par le jury, "Good Time" sembla de même engendrer plus de déception que d'enthousiasme chez les cinéphiles...
Par
le 29 janv. 2018
64 j'aime
6
Les Frères Safdie n'ont-ils pas berné le tout Cannes en acquiesçant malicieusement à chaque question concernant la provenance de "Good Time" ? "After Hours" de Scorsese ? Oui...
le 14 avr. 2018
50 j'aime
3
Du même critique
C'est un critique malheureux qui prend la plume. Malheureux parce que l'orgasme filmique amorcé ne s'est pas produit. Malheureux parce que la promesse de caresser une époque révolue (celle des prods...
le 16 mars 2016
147 j'aime
87
Du plus haut des cieux avec "Tree of life" jusqu'au plus profond de l'âme humaine avec "To the wonder", voici venir l'entre-deux "Knight of cups" oeuvre du démiurge Malick. Si la palme d'or de 2011...
le 13 oct. 2015
116 j'aime
49
Youth est un boomerang qui, mal lancé, reviendrait dans la truffe du critique malin d'avoir découvert toutes les thématiques évidentes du dernier Sorrentino. A savoir la sagesse, le recul et surtout...
le 12 sept. 2015
101 j'aime
26