La maison de production de Joel Silver et Robert Zemeckis, Dark Castle Entertainment, alors spécialisée dans les remakes de vieux films d'épouvante, a souhaité changer de registre et a mis en boîte le sympathiquement oubliable Vaisseau de l'Angoisse. Pour sa quatrième production, elle continue dans la pseudo-originalité et fait pour cela appel à notre Mathieu Kassovitz national pour réaliser le produit. L'acteur-réalisateur ayant un style de mise en scène pour le moins américain, le choix était bienvenu et cela permettrait à notre compatriote de pousser le portillon Outre-Atlantique.
Malheureusement, Gothika s'avère être un film fantastique peu crédible et surtout peu effrayant... Sorte d'essai de faire un film de fantômes japonais à la sauce US, le long-métrage s'embourbe dans l'incrédulité totale et le n'importe quoi au fur et à mesure que cette intrigue ennuyeuse suit son cours... Il faut dire que si l'idée de base est bonne (une psychiatre se retrouve soudain elle-même derrière les barreaux, accusée du meurtre de son propre époux), la suite devient de moins en moins palpitante, garnie de passages lourdingues et d'incohérences malvenues (pourquoi le fameux fantôme du film s'amuse-t-il à éclater notre héroïne si elle veut son aide ?).
L'interprétation ne vaut d'ailleurs guère mieux : de l'insupportable Halle "J'ai-gagné-un-Oscar" Berry à un Robert Downey Jr. effacé et morne au possible, on voit bien que le réalisateur des Rivières pourpres a du mal à diriger Outre-Atlantique des stars hollywoodiennes. Sûrement étouffé par une production exigeante, Kassovitz fait le strict minimum, incapable d'imposer sa patte dans ce film fantastique mâtiné de quelques scènes soit-disant 'choc' mais finalement peu convaincantes.
Pour le reste, tout est bien filmé, les filtres bleutés apportent suffisamment de froideur à l'atmosphère déjà bien glaçante des couloirs hospitaliers tandis que les sempiternels jump scares et autres effets spéciaux réussis satisferont les spectateurs les plus trouillards. Bref, Gothika n'est pas vraiment ce que l'on peut qualifier de réussite ni même de film de peur, le tout étant assez prévisible et possédant surtout un gros air de déjà-vu. Autant se mater les petites perles espagnoles qui débarquent peu à peu chaque année. À voir une fois.