Ayant fait logiquement polémique à sa sortie, « Grâce à Dieu » fut surtout pour moi l'occasion d'en savoir plus sur un scandale dont je ne connaissais que les grandes lignes. Et comme souvent, François Ozon, peut-être un peu plus classique que d'habitude (fait réel oblige), montre un vrai talent pour traiter avec intelligence et habileté son sujet. Si je ne m'attendais à ce que le film adopte ce format en trois « parties »
(chaque héros est le protagoniste principal pendant environ 45 minutes)
et que ce n'est pas forcément le meilleur choix à mon sens, celui-ci reste cohérent et permet d'installer un système narratif plutôt intéressant, chaque personnage étant très différent dans son caractère comme son approche du drame.
Si la durée finit par se faire ressentir, la répétition étant difficile à éviter au vu des situations et des enjeux (notamment dans les dernières minutes), le réalisateur se montre clair, précis dans sa description des événements, de la souffrance de chacun, des conséquences au quotidien sur leurs proches... Ozon ne cherche pas à faire pleurer, juste à décrire des faits tout en puisant une réelle matière cinématographique, que ce soit dans
les échanges (épistolaires) entre Alexandre et le Cardinal Barbarin, la dimension auto-destructrice d'Emmanuel (impeccables Melvil Poupaud et Swann Arlaud),
les apparitions du père Preynat (Bernard Verley, impressionnant) : il n'y a aucune volonté de se « payer » l'église, simplement de réclamer justice face à des faits extrêmement graves. Le mieux est encore de le voir, car à défaut d'en sortir enthousiaste (je n'étais pas mécontent que cela se termine), on en sort (du moins me concernant) plus instruit, aussi bien dans les événements que la dimension humaine : un bon film.