Ma vie avec Clint
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Au contraire du charismatique et badass Eastwood acteur, je n'ai jamais été très fan du Eastwood réalisateur, pourtant étrangement adulé pendant un moment. Je ne juge pas le bonhomme, sa vie, ses idées ou accointances, ni, d'ailleurs, celles de ses confrères, sodomie sur enfant de treize ans mis à part, mais deux de ses plus grands succès critiques m'ont paru horriblement lourds, "premier degré" et dénués de nuance. Non, pour moi Eastwood c'est l'homme au poncho et Harry Callahan.
Fort heureusement, l'acteur prend ici le pas sur le réal et les premières minutes du films introduisent son personnage, Walt Kowalski, qui n'est autre qu'un Harry actuel, vieilli et meurtri par la guerre de Corée. On retrouve avec plaisir ce visage dur aux demi-sourires carnassiers, ces mimiques indignées, ces expressions fleuries, laconiques, la rage introvertie prête à exploser, le même Callahan mais plus noueux, anachronisme réac, taiseux et dépassé, ruminant sa vie, ses pertes et maugréant l'Amérique moderne et ses nouveaux immigrants. Si elle n'évite pas certains poncifs (initiations du jeune coréen, choc culturel avec ses voisins) la première partie est très amusantes grâce aux dialogues et à des réparties très percutantes, les personnages sont attachants notamment la drolatique grand-mère coréenne.
La seconde partie, dramatique et moins à mon gout, plante les enjeux pour la véritable réussite du film, le dénouement.
Ce n'est pas sans malice qu'Eastwood nous offre cette jolie conclusion et ce bel hommage à un personnage perçu comme monolithique et immuable, conclusion qui se double d'une réflexion sur son héritage, le temps qui passe et ses inflexions sur sa psyché, sa capacité à le saisir, à s'y adapter en dépit de ce que l'on peut penser de lui et de tout jugement précipité; Un uppercut ou plutôt, pour coller à l'évolution, un étonnant pied de nez à ses contempteurs, outrés de procès d'intention, qui furent, bien souvent, ses premiers laudateurs.
Avec une certaine subtilité, une fois n'est pas coutume...
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le 21 sept. 2020
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