Ma vie avec Clint
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Résumé du film à ma façon.
Un vieil américain, ancien combattant en Corée, retraité après une carrière dans l'automobile à Detroit enterre sa femme. Dernier cadeau de son épouse, c'est le curé qui lui a promis de veiller sur lui et qui le harcèle. Par ailleurs, le quartier où il habite à Detroit a beaucoup évolué au point qu'il se sent submergé de "bridés" (suivant son vocabulaire imagé, pas le mien) avant de finir par reconnaître leur haute valeur morale et leur place aux USA.
Reprenons point par point les éléments de ce (brillant) résumé.
Un vieil américain, ancien combattant en Corée. En effet, le film ne commence pas très bien … pour mon goût personnel. En effet, je n'apprécie pas toujours le cinéma de Eastwood, cinéaste et/ou acteur, notamment dans les rôles de l'inspecteur Harry ou "le maître de guerre" (sans parler des westerns hors sujet ici). Dans "Gran Torino", j'avais un peu l'impression d'un énième retour de l'inspecteur. Entendons-nous bien : qu'Eastwood ne soit pas capable de placer deux mots sans une bordée de jurons ne me dérange pas ; au contraire, ça me le rendrait plutôt sympathique ! Non, ce qui me gêne, c'est plutôt cette xénophobie de l'américain bon teint (suivez mon regard) qui oublie qu'une ou deux générations plus tôt, l'américain en question était un étranger. Le personnage de Eastwood, justement, était d'origine polonaise. Second degré pourrait-on dire ? Peut-être.
Carrière dans l'automobile à Detroit. Detroit est la capitale de l'automobile aux USA. Et l'automobile est l'objet sacré de l'américain moyen. Le symbole explicite de sa réussite aux yeux de ses voisins. Un symbole de virilité. Je me souviens de l'excellent film de Schatzberg "Dandy, the all-american woman" qui s'appuyait sur ce sujet.
Enterre sa femme. Je passe sur le sermon pas loin d'être gerbant du curé qui vous explique que la mort est le début d'une nouvelle vie bien meilleure. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient…
Non, ce qui est bien vu dans le film, c'est l'incompréhension totale inter générationnelle ; pire, la cupidité des enfants et petits-enfants pourtant bien-pensants (**), catholiques et américains bon teint (à qui on donnerait le bon dieu sans confession).
Le curé qui harcèle. C'est le point presqu'amusant du film de voir ce jeune curé à peine sorti du séminaire faire la leçon à Eastwood. En fait, c'est Eastwood qui va se charger de faire son éducation.
Reconnaître leur haute valeur morale et leur place aux USA. Dès la moitié du film, on voit notre Eastwood évoluer, heureusement, vers un esprit de tolérance et même, pourquoi pas, n'ayons pas peur, un esprit humaniste. Il finit par apprécier, non sans mal, la générosité de ses voisins Hmong. Il est vrai que les sociétés asiatiques accordent bien souvent une importance quasi sacrée aux anciens. On retrouve ce caractère dans le respect que lui témoignent ses voisins.
Il prend sous son aile le jeune Thao et prendra fait et cause pour sa sœur Sue. Intéressant de voir qu'Eastwood fera une confession superficielle au curé et une vraie confession à Thao. Suivant un principe de réalité, il est bien plus utile que ce soit Thao qui reçoive les confidences d'Eastwood que le curé…
Au final, l'évolution positive du héros interprété par Eastwood me permet de conclure que "Gran Torino" est un bon film…
(**) A l'usage de certains éventuels lecteurs de SC plus modernes que moi. "Bien-pensant" signifie, ici, conformément à mon Larousse : personne dont les convictions sont jugées trop conservatrices.
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le 31 août 2023
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