[SANS SPOILERS]
J'aimerais voir plus souvent des films comme Gran Turismo. Réalisé par le génial Neill Blomkamp, papa du merveilleux Chappie, et habitué à parasiter la machine Hollywoodienne depuis ses débuts, le réalisateur rentre ici dans le moule du blockbuster pour faire éclater son talent et proposer le meilleur du divertissement. Les plus exigeants déploreront, à raison, le scénario balisé et les codes du genre repris à l'identique rendant le tout très prévisible. La réplique de David Harbour sur l'impression d'être comme sur des rails au volant de la GT sonne d'autant plus juste que c'est ce que le spectateur ressent aussi devant le film. Il est vrai que l'histoire et les personnages n'évoquent rien que vous n'avez jamais vu ailleurs. Le film ne cherche pas à aborder des thèmes en particulier, ou à développer une idée importante. L'objectif ici, ce n'est pas de parler d'un jeu vidéo mais d'un homme, fan de ce jeu vidéo et qui veut devenir pilote. Comme son personnage principal, Blomkamp suit la ligne établi avec précision, pour mieux la quitter et réussir à faire mieux que les autres.
Les personnages sont justes assez développés et mis en avant pour permettre l'identification et l'empathie à leur égard. La relation entre Jann et son père est touchante au point de révéler toute la puissance émotionnelle du jeu d'acteur de Djimon Hounsou dans la meilleure scène du film entre les deux, juste avant le climax. Ce dernier, et David Harbour, habitués des rôles inexpressifs ou de second plan dans les blockbusters, ont ici l'occasion de briller et de me faire changer d'avis à propos de leur talent d'acteurs, que je pensais limité. Orlando Bloom, de retour depuis des années d'absence dans un film à gros budget, joue le rôle du gros bonnet du marketing suffisamment nuancé pour être attachant et apprécié. En sommes, Neill Blomkamp a réuni des acteurs trop sous-exploités ou en retrait du paysage Hollywoodien pour afficher des noms suffisamment connus, mais surtout pour leur permettre d'exposer leur talent, ce qui forme indubitablement un cocktail savoureux à l'écran. Le seul bémol à ce niveau serait le héros du film, interprété par Archie Madekwe, qui affiche une performance honorable mais bien en dessous du niveau de ses co-stars, ainsi qu'un léger manque de charisme qui vient malheureusement accentuer ce sentiment.
Reste le meilleur aspect du film, à savoir la réalisation, le rythme et l'immersion. Trois éléments qui se marient parfaitement pour proposer parmi les meilleures scènes d'action de l'année, voir de ces dernières années. Le montage des courses automobiles est calibré au millimètre et admirable de précision. Chaque coupe est efficace et permet au rythme de la scène d'être parfaitement équilibré. Les plans de la piste, des bolides, de leurs mécaniques internes et des personnages sont assemblés de manière à former une harmonie totale, permettant une immersion remarquable dans ce type de production. Tout ceci agrémenté de plans en drone tout droit sortit du Ambulance de Michael Bay, qui sont ici moins présents et moins expérimentaux, mais pas moins efficaces. Neill Blomkamp avait déjà prouvé avec Chappie qu'il savait gérer des productions à très gros budget, en voici une nouvelle preuve et pas des moindres. Sa réalisation impeccable rehausse la relative pauvreté scénaristique que je soulignais plus tôt.
Nous, spectateurs, sommes en droit d'exiger plus en matière de blockbuster de divertissement que la majorité de ce qu'on nous sert à regarder toute l'année. Gran Turismo est ce plus. C'est la preuve qu'un bon réalisateur, de bons acteurs et un scénario correct suffisent à proposer un film de qualité, qui ne prend pas son public pour des écervelés. J'aimerais voir plus souvent des films comme Gran Turismo.