J'étais pas très enthousiaste à l'idée de le voir mais j'étais curieux de savoir comment Blomkamp allait insérer ses obsessions dans un film de voiture si connu ; je m'étais imaginé une sorte de connexion avec la voiture, lui qui aime les exo squelette et autres prolongations du corps humain. C'est plus réaliste dans le sens où le conducteur ne fait qu'un avec sa voiture puisqu'il doit la connaître à fond pour réussir ; il y a aussi la partie virtuelle qui est de façon plus évidente dans ses thèmes, pendant que l'ado joue, une voiture mentale se construit autour de lui. Donc, Blomkamp n'a pas juste vendu son âme, lui qui déclarait peu de temps avant qu'il ne fasse ce film qu'il ne souhaitait plus travailler avec des grosses boîtes étant donné qu'il perd son dernier mot...
Mais bon, à part ça, c'est pas folichon hein. C'est un peu dans la même veine que Barbie, un film bien promotionnel sur la marque (Playstation) et le jeu (Gran Turismo), sauf que c'est un peu moins hypocrite (oui, il y a ce bô message sur le fait qu'on peut atteindre ses rêves mais dès le début on nous fait bien comprendre que c'est Sony et Nissan qui vont aider les jeunes à accomplir leurs rêves... et que donc il ne faut pas hésiter à jouer à Gran Turismo pour espérer devenir champion de course). Si la propagande n'empêchait pas d'écrire de bonnes scènes, ça passerait, mais là les auteurs sont tellement forcés de lisser l'histoire, de bien mettre en valeur la boîte, que le film manque de profondeur, de scènes fortes. Les dialogues sont un peu chiants, les personnages pas assez développés. C'est un biopic aussi, sur ce jeune coureur qui a réellement existé malgré l'invraisemblance du tout (ce n'est pas parce que la réalité l'a fait que ça sera crédible en fiction, comme Omar dans "Sur écoute" quand il tombe de haut mais survit, ça a beau être inspiré d'un fait réel, ça ne fonctionne pas dans cette série), sauf que le portrait est trop lisse et que les personnages secondaires sont trop mis de côté.
Un exemple, les parents, qu'il aurait pourtant été logique et intéressant d'exploiter tout au long du parcours du jeune homme. Mais après une longue absence pendant que le fiston se fait de l'expérience, on les retrouve pour... un crash... et là forcément ça fait marrer, parce que pour une fois qu'on peut les montrer, fiers de surcroît, car la dernière fois qu'on les a vus, le père n'était franchement pas enthousiaste du départ de son fiston adoré et raté. Et BIM, un énorme crash, et on insiste bien sur la tête des parents dégoûtés. C'est juste comique, on croirait une parodie.
La mise en scène n'est pas terrible. Les dialogues sont très plans-plans et chiants. Le réalisateur propose des idées visuelles intéressantes pendant les séances de jeu, mais c'est surtout de l'esbrouffe et le découpage n'est pas si top. Quant aux vraies courses, si l'on peut apprécier le fait de voir autant de vraies voitures sur le bitume à toute vitesse, il est regrettable que Neill ne sache filmer ça que comme un clip vidéo, c'est-à-dire de façon très décousue. Et donc on ne voit jamais vraiment la course, juste de temps en temps des voitures qui roulent côte à côte, mais on ne suivra pas une course 'entière' (entendons nous bien, de façon cinématographique, avec des raccourcis et une bonne dose de suspension d'incrédulité, c'est-à-dire une séquence qui dure 10 minutes en continu ou presque mais qui traduit 1h ou 2 de course, la magie du cinéma quoi) ; des segments, des inserts, une accumulation de plans très pubs, avec un drone à toute vitesse pour donner des vertiges et de l'épique, mais en soi, rien de très construit.
Mais je crois que le pire dans tout ça, c'est ce manque d'emphase. De par cette écriture assez pauvre et cette mise en scène décousue, il n'y a jamais vraiment de montée en tension, juste des plans un peu impressionnants, quelques idées visuelles sympas... Comme une démo en fait. Une très longue démo de 2h. Où on se dit que le vrai film pourrait être super. Sauf qu'en fait c'est le vrai film. Et merde.
Bref, le film laisse indifférent.