Vous connaissez l'émission d'Antoine de Maximy, J'irai dormir chez vous ? Grand Tour est la version longue de l'émission, en double. On s'explique : voici l'histoire d'un homme qui ne veut pas épouser sa promise, et se trouve une excuse diplomatique ("Je dois faire le tour des pays asiatiques, c'est pour le travail.") pour repousser l'échéance de l'union, baguenaudant dans les cultures locales dont il s'émerveille (on profite d'un théâtre d'ombres chinoises, de transports en commun très atypiques, etc...). Mais le rythme ne suit malheureusement pas, et on pique assez rapidement du nez, jusqu'à la terrible révélation de mi-film : l'épouse en a sa claque de poireauter, et va donc retracer le parcours de Monsieur, pour le retrouver... Oui, vous avez bien compris : vous allez vous re-coltiner les mêmes scènes de lieux culturels, pendant une autre heure. A ce moment-précis, ceux qui ne ronflaient déjà pas dans notre rangée sont partis en soupirant, et nous-mêmes avons attrapé nos paupières à deux mains pour tenir péniblement jusqu'au bout. Grand Tour a un scénario qui fait l'effort de mêler plusieurs cultures, langues, façons de vivre, mais ne nous a jamais embarqué (plutôt assommé), par son dispositif visuel ultra-clinquant ("made in Gomes", il a déjà fait exactement la même chose sur Tabou... Mais bon, le Jury de Cannes 2024 semble le découvrir). On ne saisit pas plus la dernière ligne droite qui fracasse le quatrième mur (on nous montre le plateau de tournage du film... D'accord, mais pourquoi ?). Et sachez ceci, si vous avez le malheur de vous endormir, la BO est constituée de pipeaux traditionnels dans lesquels les joueurs soufflent un grand coup à l'improviste d'une scène mollassonne... On ne vous raconte pas les bonds à moitié réveillés qu'on a fait dans notre fauteuil. Grand Tour, le meilleur film d'épouvante 2024.