Me voici dans le tout premier film français que j'ai vu en 2017 ! Oui j'aurai du en voir 3. Mes vacances m'ont pas mal occupé et le cinéma français était guère enthousiasment (entre Raid Dingue et l'autre comédie de Christian Clavier, je préfère m'épargner certaines ambulances. Cela dit Rock'N'Roll me parait pas détestable donc à voir). Et grâce à cinexpérience, j'ai pu découvrir ce film et je vais énoncer une suite de de mots qui en tant normal et surtout en France ne sont pas sensés aller en France :
On a un bon film français sur le cannibalisme avec Julie Gayet à la production !
Je répète pour ceux qui n'ont pas compris. **Un bon film français sur le cannibalisme avec Julie Gayet à la production !**Je veux dire...vous vous rendez compte de la combinaison ? Et pourtant c'est vrai !
Enfin un film de genre français avec une vraie vision !
Cela faisait un moment que je n'ai pas vu de films français comme ça. Et en plus c'est rare et difficile ce genre de projet qui est soit boudé, soit massacré à sa sortie (Réalité, Love, Elle et Arès cette pensée est pour vous). Et j'espère de tous coeur que ce film n'aura pas le même destin. Déjà parce que la réalisatrice est quelqu'un de passionné et qui a une vraie vision et que la réalisation est vraiment incroyable. Elle pas mal d'idée de mise en scène avec la plupart du temps des plans d'ensemble vraiment bien fait, des jeux de couleurs pas aussi prononcés que dans La La Land mais vraiment remarquable et surtout marquant, et on a une bonne ambiance glauque. On suit bien le film qui est un huis clos par défaut et donne une ambiance anxiogène. Même le montage et l'ambiance sonore est bien pensée. Bien sûr, film français oblige il y a certaines scènes qui font téléfilms mais elles sont rares et on les oublie vites (la première scène post générique notamment). Bref voir une réalisatrice s'exprimée à ce point c'est rare ! Et je dis bien réalisatrice parce que réalisateur français on en a plein qui ont de bonnes idées de mises en scènes même en 2016, mais de réalisatrices, je n'en connais pas beaucoup. Et c'est ça le point fort du film. Ce qui pêche, c'est le reste. Oui on va voir certains défauts.
Inconnus pas si inconnus
Les acteurs sont pour la plupart des inconnus sauf Rabah Naït Oufella que j'ai vu dans Braqueurs (vous savez le film d'action pas piqué des hannetons que certains distributeurs ont osé ne pas le diffusé l'an dernier pour cause de donner une image dévalorisante de la banlieue ?) mais ont quand même un petit talent
Justine (Garance Marillier) porte le film à elle toute seule et elle le porte bien. C'est le cliché de la première de la classe végétarienne (limite veganne. Sérieusement je comprendrais jamais les cases qu'on créée avec la nourriture. Et oui je sais, elle est "végétalienne" au début mais moi ce mot est trop con. Donc je dis végétarienne et puis c'est marre). Mais c'est un archétype qui fait sens afin de la mettre en opposition avec le milieu qu'elle évoluera. Donc évidemment elle cherchera à s'intégrer et à subir le bizutage (ça me rappelle des souvenirs ça) et quelque chose va changer en elle et elle devra apprendre à le gérer. Son évolution est vraiment bien menée et on la voit bien changer en devenant plus sauvage limite animale en devenant, carniste puis cannibale (sérieusement, faut vraiment qu'on arrête de remettre en cause notre façon de manger).
Adrien (Rabah Naït Oufella) est son colocataire gay. Et enfin un film français qui a compris qu'il ne fallait pas stigmatiser les homos (n'est ce pas Nouvelle Aventures d'Aladin ?). Par contre, il y a une scène qui gâche tout.
Juste au moment où Justine se pose des questions et a besoin de réconfort, on le voit se masturber et se cacher devant elle. Je trouve cette scène un peu à contre-sens de son rôle du confident.
Cela dit, lui aussi il essaye de se s'intégrer malgré son orientation sexuelle, mais ce point n'est pas très évoqué (pour ne pas dire survolé) parce que tout le focus se porte sur Justine.
Alexia (Ella Rumpf) est la grande sœur de Justine qui est différente et déjantée, et qui était aussi végétarienne (ouais c'est de famille) avant de devenir vraiment hardcore. Elle cache aussi le fait qu'elle est aussi cannibale mais elle s'assume. On y reviendra.
Le père (Laurent Lucas qu'on a vu dans l'Odyssée) est un père assez atypique qui a des manière cavalière mais semble plus proche de ses filles, même s'il est un peu résigné mais on y arrive.
Les autres personnages sont accessoires (oui je crois que je serai à cour de vocabulaire aux sujets des personnages). Même la mère (Joana Preiss) ce qui est dommage car cela aurait été bien de l'exploiter et l'infirmière (Marion Vernoux) qui malgré une scène plutôt mémorable est totalement absente du film
De vierge à succube
L'histoire raconte l'évolution de Justine à l'école de vétérinaire qui se découvre être une cannibale et qui va perdre de plus en plus le contrôle de ses pulsions. Un endroit où elle se sent isolée et va s'affirmer de plus en plus et devenir plus libérée et sauvage au fur et à mesure où ses besoins de manger de la chair humaine va s'intensifier. C'est assez étonnant, mais je n'ai pas perçu son évolution pour une libération mais une déchéance, une véritable descente aux enfers, dans la mesure où les gardes - fous sautent les uns après les autres. Mais elle a toujours une porte de sortie qu'elle peut emprunter afin de rester elle même mais les circonstances font qu'elle retourne toujours dans ses envies qui la rendent plus animales et prédatrices, jusqu'au climax où elle aura une sacrée prise de conscience. Alexia par contre était par contre perdue et n'a jamais eu cette prise de conscience. D'ailleurs c'est en reprenant cette prise de conscience que le rôle entre les 2 ses sont inversés (oui je répète un peu ce qu'en a dit Julia Ducournau, la réalisatrice mais dans le contexte ça passe). Il n'y a qu'un seul point où on pourrait évidemment tiquer, c'est qu'au premier degré on pourrait croire que le cannibalisme est de famille (en tout cas les femmes) et que le végétalisme était un garde fou contre ça (PS : N'en parlez pas à une certaine You Tubeuse please). Cela dit le propos du film est tout autre et pose le problème de la part animale présent en chacun de nous. Mais pour se rendre compte de ça, il faut voir les intentions de réalisations en parallèle à l'histoire car le film ne s’embarrasse pas de subtilité. A la fin on ressent un retour à la normale mais qui fait que les événements ont marqué profondément les personnages. Bref, l'histoire est vraiment bien racontée et que son seul défaut est qu'il ne plaira pas à tout le monde (en même temps vu le sujet, je parie qu'on aura une armée de Jean-Michel bien-séance qui vont sans doute massacrer le film). Cela dit, le seul défaut de l'histoire est subordonnée au faite qu'on a pas exploité le personnage de la mère et c'est dommage que la révélation finale m'est donnée raison, mais si cela est raccord avec les intentions de bases.
Attendez 1 h avant de manger
Bref, on a un film bien écrit, une réalisation qui marche, une musique raccord, un scénario qui sait où il va et que les seuls problèmes sont l'aspect téléfilm de certaines séquences et certains personnages qui auraient pu être mieux exploités. Donc du quasi-tout bon. Mais bon vu le thème, il ne plaira pas à tout le monde mais ne laissera personne indifférent. Par pitié, faites que Promouvoir soit en vacances, dissoute ou exilé chez les Gardiens de la Galaxie. Ce genre de projet et parti pris est trop rare pour qu'on s'en prive.
Après séance avec Julia Ducourneau ici
Version garantie sans viande ici