Grand prix et prix de la critique à la 24e édition du festival international du film fantastique de Gérardmer en 2017, ce premier long-métrage écrit et réalisé par la réalisatrice Julia Ducournau écope d'une interdiction aux moins de 16 ans avec avertissement lors de sa sortie. Le film suit les mésaventures de Justine, une adolescente nouvellement admise à l’école vétérinaire qui se découvre un appétit vorace pour ses camarades universitaires après avoir subi une humiliante initiation. Pour commencer, on n'oubliera pas de sitôt l'extraordinaire performance de l'actrice principale, actrice fétiche de la réalisatrice, Garance Marillier (Junior, Mange) et de sa sœur de sang, Ella Rumpf (Tiger Girl, Les Conquérantes) ainsi que la présence dans les seconds rôles de Rabah Naït Oufella (L'Ascension), Joana Preiss (Clean), Laurent Lucas (Harry, un ami qui vous veut du bien, Alleluia) et la réalisatrice Marion Vernoux.
Je veux savoir si tu es dans un délire SM ou si c’est plus grave que ça ?
Dans la famille de Justine, tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d'intégrer l'école vétérinaire où sa soeur ainée est également étudiante. Mais dès son arrivée, à peine installé, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.
C’est grave !
Grave a beaucoup fait parler de lui depuis une année dans la presse spécialisée et sur les réseaux sociaux avec notamment le buzz pour une raison assez superficielle ; il aurait causé des malaises à un couple de spectateurs durant sa tournée des festivals. Un cinéma a alors décidé de surfer sur la vague et de proposer des sacs à vomi aux clients qui achetaient un billet pour le film. Il n’en fallait pas plus pour forcer l'œuvre à composer avec une réputation de film extrême assez peu représentatif de la réalité. Le film dérange, certes, mais il ne dégoute pas, nous sommes loin de la provocation gratuite. Grave malgré son long démarrage est à la fois troublant et étrange, il transcende d'abord le cinéma d'horreur français en construisant un fascinant apprentissage de l’identité, de la maturité et de la sexualité féminine, en abordant le thème du cannibalisme.