J'ai d'abord pensé que le jeu d'acteur me gênerait les 20 premières minutes, je n'ai pas trouvé les personnages très crédibles... puis je suis entrée dans le film en un claquement de doigt. Les attitudes, postures et regards sont bien plus parlants que les dialogues qui gâchent parfois l'ensemble. Le charisme de Garance Marillier détruit tout sur son passage, ses yeux et son sourire portent le film même dans les moments les moins intéressants.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde et Grave m'a proposé tout ce que je recherche dans un film : une immersion totale dans une atmosphère particulière et de belles images, la plupart du temps très intrigantes. Cannibalisme, rites initiatiques, rapport à l'alimentation, aux animaux, aux relations familiales, au sexe et au désir : beaucoup de thèmes s'entremêlent. C'est un teen movie sombre dont la bande son est parfaite. Les scènes de fête et l'ambiance campus malsaine rendent très bien à l'écran. Les séquences plus sensuelles et érotiques apportent une dimension supplémentaire à l'ambiance (je pense notamment à la danse devant le miroir que j'aimerais voir à nouveau). Et jamais le corps de la femme n'est sexualisé sans raison comme il aurait pu l'être dans ce contexte. Vraiment, chapeau bas Julia Ducournau.
C'est donc un film fascinant, parfois drôle, très étrange et sanglant. On est souvent partagé entre l'amusement et le dégoût profond. C'est singulier, expérimental, ce n'est pas parfait mais ça marche très bien pour moi au final. Ce n'est pas de l'épouvante à proprement parler, mais certaines scènes (et bizarrement pas les plus gores) m'ont fait me crisper sur mon siège. D'autres sont incompréhensibles ou un peu lourdes mais se noient rapidement dans le rythme du film.