Perdu entre des métaphores à la truelle (relation familiale, transmission et reproduction des schémas du milieu et de la famille, féminisme, relation au sexe, relation homme-femme,...) et un réalisme du quotidien. Alternant son positionnement entre le drame psychologique quelconque dans la grande tradition française et le film de genre qui n'ose pas dire son nom (Ben oui, parce que le cinéma de genre, ça fait pas sérieux voyons! Et puis je veux pas être trop associé à ça ou comment je vais avoir des prix, on est en France tout de même!... mais que quand même, décidémment ça fera office d'originalité pour mon film trop branché que le spectateur se dira: "Wouaw trop cool de recycler joyeusement les thèmes mêlant sexe et mort comme le premier film de vampire venu") . Passant de la gravité mal placée, au comique relief à coup d'humour noir manquant de rythme.Grave a le cul constamment entre deux chaises sur à peu près tous les niveaux..
A un moment il faut choisir son camp, et pas essayer de bouffer à tous les râteliers si vous voulez mon avis.
Pourtant, le film s'avère intéressant sur plusieurs points. D'abord, dans sa volonté de renouer avec un certain sens de l'absurde en ne cherchant pas à expliquer rationnellement ce qui se passe devant nos yeux. Ensuite grâce au sens graphique et viscéral de certaines scènes, même si pour tempérer un peu, le dégoût est sans doute le sentiment le plus facile à inspirer dans le domaine de l'horreur, mais je serais de mauvaise foi si je ne pouvais pas apprécier à sa juste valeur un bon petit gore des familles, maitrisé techniquement au niveau de ses maquillages. Finalement grâce à son audace principale par le biais de rajouts d'éléments phagocytés directement des films de genre pour les replacer dans un contexte très classique de drame psychologique et familial à la française. Il est juste dommage d'avoir la désagréable impression que la jeune réalisatrice ait la prétention de donner au genre ses lettres de noblesse à travers son film qui si on peut lui reconnaître une certaine originalité ressemble tout de même à une chimère de labo fabriquée à partir de tas de trucs qui s'assemblent assez mal entre eux.Ce n'est pas qu'à la base il soit impossible de faire fonctionner tout ça ensemble, mais que la réalisatrice scénariste n'arrive jamais à se décider sur le ton que doit avoir son film.
Alors, vous allez me dire que je n'ai pas aimé le film. Et bien si en fait. S'il est vrai qu'à mon sens, les intentions sont assez maladroites, et que la recette du cocktail ne me parait pas tout à fait au point, et bien moins profonde et originale que ce que la pub nous a vendu, l'exécution était assez habile, l'ambiance anxiogène plutôt bien rendue, les moments de gore intéressants, et une utilisation des corps et des textures assez fascinante.
Un film que je ne conseillerais pas à la base, mais qui peut sans aucun doute valoir la peine d'être regardé tant il y a une volonté de sortir des sentiers battus d'un cinéma hexagonal arthritique. Et si on a parfois l'impression que le métrage fait de la provoc pour la provoc, ça donne un coté adolescent mal dégrossi, et une dose de puérilité que je trouve plutôt sympathique à ce premier film d'une réalisatrice qu'il faudra suivre à l'avenir, si elle arrive à recentrer un peu plus son propos, ses effets, et ses intentions .