Au sortir de ce film, je me trouvais probablement dans le même état de déboussolement et de malaise qu'un étudiant de médecine à la fin d'une semaine acharnée de bizutage des ainés. Ce film ne m'a pas traumatisé, ce serait un peu fort, mais il m'a remué de fond en comble et j'ai du graduellement repousser les limites de mon dégoût, peut être pas si habitué que ça au film de genre francophone, et encore moins à voir ça au ciné et avec des pop-corns.
Le gore dans les films ne me dérange pas tant que ça, ce qui me dérange plus en revanche, ce sont certains partis-pris de la réalisatrice tels que :
-La laideur revendiquée du film, dans chaque plan, dans chaque personnage (particulièrement celui de la soeur, personnage sur la corde raide, conduite par les traumatismes à répétition, les baptêmes du feu multiples, à n'être qu'une pauvre furie hystérique et sans la moindre empathie).
-La manière affreusement crue d'aborder ses thèmes directeurs, aussi frontalement que nous apparait à de multiples reprises la petite culotte de Justine dans le film. Mais après tout, le procédé sur lequel repose le film, sorte de "Sang des bêtes" à l'envers consistant à démontrer les horreurs de la cruauté animale en appliquant cette violence à l'homme, le justifie peut être.
-Un certain amateurisme, les acteurs jouent naturel, la plupart semblent peu formés. Malgré le jeu quelque peu balbutiant de ces derniers, cet amateurisme ajoute un vernis de crédibilité au film, tout en l'éloignant de la moindre revendication esthétique.
Ces trois paramètres, sans nuire au film, en limitent néanmoins le propos, le discours à charge sur l'identité, la cause animale, les tourments de la jeunesse, sombrant parfois dans quelque chose de volontiers grotesque et caricatural.
Ceci mis à part, les ressorts horrifiques du film restent très bien huilés, et, comme après chaque visionnage de film d'horreur, je me suis rappelé pourquoi j'allais en voir aussi rarement.
Mais le film a cette chose en plus, qui fait aussi l'essence de certains films de genre, en ce qu'il confronte le spectateur à ses propres limites, à ses hontes, à ses peurs intimes, par l'entremise d'une semaine de bizutage et d'une jeune fille timide qui découvre son corps et ses potentialités.
Malaises horrifiques et existentiels forment un cocktails détonnants qui laisse le spectateur épuisé, démuni, véritablement nauséeux, à la sortie de ce film charge qui m'a laissé sur le carreau.