Je suis passé par plusieurs étapes avant d'aller voir Grave. D'abord la curiosité. Quand un film de genre français sort au cinéma, on est toujours curieux. C'est si rare... Ces films sont souvent merdiques, mais on à généralement envie de les encourager à persévérer. Mais là ça n'a pas l'air d'être comme d'habitude. Le film se rafle quelques prix et se paye quelques articles dans la presse traditionnelle. C'est encore plus bandant, mais d'un autre coté, c'est un peu louche. Puis le film débarque. Et avec lui une campagne de communication bien ficelé. Il parait que plusieurs spectateur se sont évanouie pendant la séance ! Des salles américaines distribuent des sacs à vomi aux spectateur ! C'en est trop ! Je sens l'arnaque cinématographique de plein nez. Le petit film indé qui grâce à une communication réussie va rameuter tous les petits hipsters en mal de sensation fortes. Tous le monde en parle et ça me fait chier !
Mais j'ai finalement décidé de pousser la porte de mon cinéma, histoire de me faire une idée. Et je me suis pris une claque ! J'ai beau chercher, je ne vois aucun défaut au film. La réalisation est impressionnantes. Certaines scènes vont vous marquer la rétine à jamais. Les acteurs sont impeccables (si cette Garance Marillier n'a pas le césar du meilleur espoir féminin, je mange le maître de cérémonie !), y compris les seconds rôles. L'histoire nous tiens en haleine jusqu'au bout, la photographie est nickel, tout comme la musique ou les dialogues. On sent pleinement les références de Julia Ducournau. Cronenberg, forcément, notamment avec cette scène d'Eczema particulièrement éprouvante, mais aussi Dario Argento. On pense aussi au Trouble Every Day de Claire Denis.
Avec ce film, Julia Ducournau prouve que l'on peut faire un film de cannibale sans forcément en faire une série B. Le film n'est jamais dans la surenchère d'effet gore. A aucun moment le film n'est vulgaire ou gratuit. Toutes les scènes desservent le scénario et la vision de la cinéaste. Au final, le fait que Justine soit cannibale, c'est secondaire. Si au lieu de se découvrir anthropophage, elle s'était découverte lesbienne, ça n'aurait pas changé fondamentalement les choses. Ça aurait juste été un film de Xavier Dolan. Grave c'est avant tout un film sur l'adolescence, la découverte, l’apprentissage... Grave n'est ni un film d'horreur, ni un film gore. C'est juste du cinéma.