Grave Encounters par Rakanishu

Prévenons direct : oui, j'aime les found footage. De Blair Witch à ce Grave Encounters en passant par Rec, je n'ai jusqu'à maintenant jamais été déçu par ces films, (hormis le Romero, pas intéressant du tout). Donc de base, cet avis ne paraîtra pas objectif à beaucoup, même si contrairement à d'autres films du genre, je conseillerai bien de donner sa chance à Grave Encounters.
Je suis du genre à vivre à 100% un Rec, flipper d'apercevoir un truc à chaque mouvement brusque de caméra. J'ai été de ceux qui ont adoré Paranormal Activity, étant mal à l'aise face à un film qui me montrait la lente destruction d'un couple à cause d'une entité maléfique, le tout avec une peur sourde.

Un de mes domaines favoris aussi dans le domaine du fantastique est celui des fantômes. Alors imaginez : un found footage avec fantômes, ça avait de quoi m'intéresser.

Ca ne m'empêche pas de voir les défauts de ce genre de films, ce qui peut expliquer certains côtés négatifs à cette critique malgré sa note élevée.

Et donc, après cette intro chiante comme je sais les faire, Grave Encounters c'est quoi ? C'est le titre d'une émission télé, comme ces shows surtout américains suivant des gens recherchant des fantômes. Le producteur de l'émission nous explique en début de film que l'on va voir une dizaine d'heures de rush remontées pour voir ce qui est arrivé à l'équipe lors du tournage de leur 6ème émission, où ils devaient s'enfermer une nuit entière dans un asile psychiatrique abandonné et réputé hanté.

OK. Go.

Commençons par une des critiques principales que j'ai vu par ici : ne vous attendez pas à des personnages construits, c'est pas le but du film (voire du genre de film, qui est plutôt : que s'est-il passé ?), surtout qu'on les voit presqu'exclusivement en situation professionnelle. Donc niveau personnages, oui vous allez être déçu : y'a Lance, le chef de l'équipe, qui veut plein d'effets et témoignages pour que l'émission fasse parler d'elle, et ... les autres.
Y'a une fille, elle a souvent peur et aime pleurer. Elle dit des trucs genre "Je veux partir" entre deux sanglots.
Un black, qui aime dire fuck. Il dit des trucs genre "Where the fuck are you, fuck ?". Fuckitty fuck.
Un mec qui se la joue cool avec cigarette et bière. Je crois aussi qu'il a une casquette, c'est dire la coolitude du dude.
Un medium-pour-du-faux.

On est maintenant habitué : les films du genre commencent par une première partie "chiante" où il ne se passe pas grand chose, se rapprochant limite plus de la comédie qu'autre chose vu qu'on suit des gens dans leur quotidien en train de sortir des répliques lolilol.
C'est un peu le cas ici, mais c'est aussi plutôt intéressant : la première partie du film nous montre un peu l'envers du décor de ces émissions de télé-réalité. On verra donc nos "héros" soudoyer un jardinier pour qu'il raconte avoir vu des trucs, applaudir le medium de l'équipe car il a vachement bien fait semblant de faire le medium quand la caméra tournait ... Le tout dans une ambiance bon enfant, avec beaucoup de témoignages sur les phénomènes surnaturels survenus dans cet hôpital psychiatrique. Etonnant de se dire que le producteur de l'émission ait validé ça pour le film, mais soit :o (OUI JE SAIS QUE C'EST FAUX HEIN, j'imagine juste la situation).

Et donc notre équipe se fait enfermer une nuit entière dans l'asile, à la recherche de phénomènes paranormaux.
ATTENTION, PETIT SPOIL__________ATTENTION, PETIT SPOIL (sautez au paragraphe suivant)
Mais cette nuit entière ne sera pas le coeur du film non. En fait c'est encore les 30-45 premières minutes. Le film commence vraiment à l'heure supposée où on doit les chercher. J'ai d'ailleurs aussi aimé le fait qu'ils aient posé des caméras dans certaines salles importantes dans la première partie du film pour capter les phénomènes paranormaux, caméras qu'on imagine importantes dans la suite du film, et que c'est au moment où ils décident de les enlever que tout commence.

Je n'en dirais pas plus, mais cet aspect là m'a positivement étonné, surtout vu ce qui se passe dès ce moment là.
Et une fois lancé, le film s'arrête rarement. Les esprits hantant les lieux semblent être des rigolards, car s'ils se contentaient pendant 45 minutes d'un soulèvement de cheveux et d'une fenêtre qui s'entrouve (donc pendant le temps où l'équipe parcourt l'asile en faisant "WHOOHOO MONTREZ VOUS"), la suite est d'un tout autre niveau, avec des manifestations surnaturelles limites non-stop, qu'elles soient visuelles ou seulement hors champ et sonores.

Oui, Grave Encounters est généreux. Fans de Blair Witch pour son aspect "on montre rien" passez votre chemin, ici on voit les fantômes et certains d'entre eux m'ont poussé à changer de sous-vêtements.

Les phénomènes sont légion, quelques rencontres se font aussi, le tout à l'aide d'effets spéciaux de bonne qualité (même si ça sent l'effet de base d'After Effects, celui qu'on voit partout sur Youtube quand un amateur essaie de faire une vidéo qui fait peur). Les décors aident beaucoup aussi : on sent bien le lieu désaffecté et laissé à l'abandon, il y a du malaise quand on voit certaines cellules avec des mots écrits partout sur les murs et tout ... Mais ce n'est pas trop appuyé non plus, je ne pense pas que le film aurait eu le même impact sur moi si tout se passait dans des décors à la Silent Hill (donc moins "normaux").

Et donc le film avance tranquillement, tandis que la peur s'accroche doucement au spectateur et ne le lâche pratiquement plus jusqu'aux dernières secondes, plutôt décevantes d'ailleurs en regard des scènes précédentes.

On en ressort avec un petit truc au coeur. Une sensation d'insécurité (je le sais, j'étais seul chez moi, je me suis mis de la musique guillerette pour essayer de me sentir mieux). Une attention soudaine et illogique pour les bruits alentours.

Plutôt frais, avec plusieurs bonnes idées, très flippant, toujours intéressant à suivre, Grave Encounters mérite qu'on lui donne sa chance. Pas les détracteurs de ce type de films qui y trouveront forcément les défauts inhérents à ce genre de films (oui, on court toujours en faisant 3 saltos à sa caméra, ET JUSTEMENT EN GARDANT LA CAMERA DANS SES MAINS), mais tout le reste qui n'a rien contre ce genre de films et / ou qui, comme moi, ne connaissaient pas du tout celui-ci et se sont dit "Pourquoi pas ?".