Nouveau bébé du réalisateur mexicain Alfonso Cuaron, à qui l'on doit notamment Les Fils de l'Homme (ou même le très bon Harry Potter 3, hein, je me dois de le préciser), Gravity nous raconte l'histoire peu ordinaire de l'astronaute scientifique Ryan Stone, incarnée par la magnifique Sandra Bullock qui signe ici le plus grand rôle de sa carrière. Alors qu'elle ainsi que l'équipage de la navette spatiale américaine Explorer sont en train d'effectuer une mission de maintenance sur le télescope Hubble, ceux-ci sont victimes d'une vague de débris d'un satellite russe. Ryan se retrouve être la seule survivante, avec le commandant d'Explorer Matt Kowalsky (George Clooney, au top de sa forme). Perdus dans l'espace, Gravity raconte leur périple pour revenir "au plancher des vaches".
Voilà pour le fond. Gravity, c'est un peu incritiquable comme truc. Comment pourrait-t-on avoir l'audace de critiquer une telle technique, une telle maîtrise ? Les talents de technicien de Cuaron sont indéniables. J'ai lu des tas d'interviews et de reportage sur le tournage de cet étonnant film, pour comprendre comment cela fonctionnait. Cela à pris plusieurs années au réalisateur de mettre au point toutes ces techniques et astuces. Les images sont réellement à couper le souffle ; et même si je répète ce que les autres Senscritiqueurs ont dit jusque là, la 3D et même l'IMAX valent vraiment quelque chose. "Regarder un film ou en faire partie", voilà ce que l'on peut lire avant le début du film lorsque l'on va le voir en IMAX. Jamais cette phrase n'a eu aucun sens. J'ai tremblé et pleuré tout au long de l'aventure avec Ryan. Les images sont oufissimes. On se croirait réellement dans l'espace, là, aux côtés de Matt et Ryan. Difficile de penser qu'un homme puisse produire une telle chose. Et bien Cuaron l'a fait.
Et c'est là que se pose le problème : est-ce que l'on ne doit juger que la beauté du truc ? Ou bien on passe outre et on fait comme tous les autres films ? Nous nous étions posé la même question lorsque Avatar est sorti, il y a quatre ans. Au final, nous avons oublié à quel point les images peuvent être belles à cause de la stupidité du scénario. Comme quoi, quand c'est vide à l'intérieur, c'est obligé de se casser la gueule. Alors oui, le scénario de Gravity peut être qualifié de très simpliste, Ryan se balade de stations spatiales en stations spatiales, en échappant à chaque fois de peu à la mort. Pas de rebondissements incroyables (sauf peut-être au moment de la panne de carburant, hm hm), pas de bêtes sauvages qui hurlent à la mort. Mais est-ce vraiment un défaut ? Est-ce que ce film aurait été meilleur si l'on avait rajouté un scénario complexe et tordu ? Non. Avait-on besoin d'une love story à l'américaine, avait-on besoin de surcharger ? Non.
Gravity fait parti de ces films magiques qui magnifient les techniques du cinéma d'aujourd'hui. Nous vivons une aventure à couper le souffle à travers les yeux d'une héroïne un peu banale, un peu plate, dont nous ne savons que peu de choses. Ma mère, qui a peu apprécié le film, m'a dit l'avoir trouvé long. Je suis sûre que c'est le cas de beaucoup de spectateurs en sortant de la salle. Il ne faut pas s'attendre à de longs dialogues Tarantinesque ou des personnages hauts en couleurs, de l'action à n'en plus finir. Gravity, c'est la légèreté, c'est la contemplation, c'est vivre des émotions à 600km du sol. Cuaron, il a tout pigé au cinéma. Nous faire vivre quelque chose d'unique, nous transporter. Lui, il a réussi à me transporter dans l'espace et à me faire vivre quelque chose d'incroyable, il a réussi à faire un splendide et très stressant huis-clos dans un espace gigantesque. C'est un putain de génie, et Gravity est un putain de chef d'oeuvre.
Alors maintenant, ouvrez les yeux, retenez votre souffle, et admirez.