"Are you a homo ? Are you a queer ? Are you a faggot ?"

Philadelphia, c'est le genre de films "poids lourds" qu'on n'ose pas vraiment critiquer. Il a un sujet en béton armé, sujet impossible à attaquer pour des raisons bien évidentes. C'est un peu le problème des films traitant les discriminations en tout genre, personne n'ose dire que le sujet n'est pas génial, peu original ou autres. C'est sûrement pour ça qu'on trouve finalement assez peu de mauvaises critiques sur Philadelphia, et que je ne vais pas innover, ayant apprécié le film.

Philadelphia nous raconte donc comment Andrew Beckett, brillant avocat homosexuel et diagnostiqué séropositif, compte punir l'injustice dont il a été victime. En effet, ses supérieurs l'ont renvoyé pour, officiellement, mauvais travail mais officieusement à cause de sa maladie, et de son homosexualité. C'est donc vraiment un sujet en béton armé, sensible, et surtout très tabou en Amérique dans les années 90. C'était l'époque de la découverte du VIH par les Américains, cette maladie mal-connue dont les victimes subissait nombre de discrimations odieuses. Le film nous en propose d'ailleurs un très bon exemple : au court du procès, l'avocate de la Défense demande à une femme comment celle-ci a contracté le virus VIH. Celle-ci répond que cela s'est produit au cours d'une transfusion sanguine, et l'avocate rajoute : "Donc, vous êtes tombée malade contre votre gré, sans que vous puissiez empêcher cela, contrairement à Mr Beckett?". Sous-entendu que Beckett est tombé malade par sa négligence. Ce genre de petits détails participent au réalisme poignant du film.

Les personnages de Philadelphia sont tous très bien travaillés, très vraisemblables et attachants. Le trio d'acteurs principaux est vraiment bons. Tom Hanks livre ici une de ses meilleures performances, interprétant avec sobriété et puissance à la fois. Antonio Banderas joue avec beaucoup de sensibilité Miguel, le fougueux compagnie d'Andrew. Denzel Washington est également très juste dans le rôle de Miller, avocat populaire au départ homophobe et plein de préjugés concernant le SIDA. Miller va évoluer tout au long du film et laisser de côté ses préjugés.

Le personnage de Miller, c'est un peu la représentation de la société. Il représente l'américain lambda des années 90, pleins d'idées haineuses parce qu'au fond, il a peur et ne comprend pas. Demme a voulu faire passer un message à travers le film, il voulait faire changer les mentalités comme Beckett a changé l'opinion de Miller. Miller, c'est nous. Et c'est ça qui est désolant, qui est révoltant. Car on s'attache à Beckett, qui, mis à part sa maladie, est un homme tout ce qu'il y a de plus normal ; il est même très attachant. Après, je comprends ce que les détracteurs du film disent par rapport à Beckett, car oui, il est un peu idéalisé : sensible, proche de sa famille, brillant, amateur de musique classique, du genre "gendre idéal", et que oui, tous les malades du SIDA ne sont pas comme ça. Mais c'est ici un parti pris de Demme, qui prend ici un exemple un peu extrême pour mieux nous faire réagir. Parce qu'au fond, est-ce que l'on discrimine les personnes atteintes de pneumonie ou d'un cancer ? Alors pourquoi devrait-on exclure de la société les séropositifs ? Et pourquoi, alors, être hostile aux homosexuels ?

Philadelphia est clairement un film qu'il faut voir, car outre son intérêt cinématographique (il est bien réalisé ; on peut juste remarquer quelques marques de ponctuations un peu ringarde et sa fin un peu tire-larmes) c'est un film engagé. J'irais même jusqu'à dire que Philadelphia a un intérêt pédagogique.
darkshines
8
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le 5 juin 2014

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le 7 juin 2014

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darkshines

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