Graziella et Antoine ne vont pas tarder à sortir de prison après une longue peine derrière les barreaux. Ils se rencontrent dans un pensionnat, lieu glauque et témoin d'un amour naissant, pudique et vulnérable.
Les personnages de Charef sont fissurés, abîmés par une vie qu'ils n'ont pas eue. Lavant et De Palma campent ces petites gens de manière grave, taciturne et mélancolique. Mais on ne croit malheureusement jamais à leur statut de taulards. Le réalisateur ne filme d'ailleurs qu'une scène à l'intérieur de la prison. Il se contente sinon de ne parler que des autres détenus à travers les protagonistes de Graziella et Antoine. On ne peut donc comprendre leurs psychologies, ni leurs réelles motivations.
Ces êtres perdus sont également victimes de dialogues qui ne fonctionnent qu'à moitié. L'écriture de Graziella penche en effet vers la surenchère dramatique et un manque de nuances. Les raisons pour lesquelles ces deux amants déchus ont fait de la prison sont quelque peu schématiques, et manichéennes. On voit bien l'empathie que veut leur donner le cinéaste, mais l'on ne partage pas vraiment leurs peines à cause d'un manque de sincérité narratif et de souffle romanesque.
D'un côté, nous avons les gentils malchanceux qui ont eu accès à la violence (tuer un père violeur, venger sa femme bafouée) pour se prouver qu'ils pouvaient encore se regarder devant une glace. De l'autre, il y a les méchants culs terreux du village qui veulent se faire justice et les faire payer, éternellement. Un peur surfait même si, comme toujours, la sortie de prison n'est pas synonyme de liberté. Loin de là.
http://septieme-sens.net