Décrété en 1872, le paragraphe 175 du Code civil allemand a criminalisé les homosexuels pendant 123 ans. Pour tous ceux qui étaient en camp de concentration à la fin de la deuxième guerre mondiale, il n'y eut qu'une seule sortie :la prison, sans autre forme de procès. L'histoire que raconte Great Freedom est celle de Hans et de ses incarcérations successives, sans que rien ne soit montré de ses moments de liberté, de toutes manières soumis à une épée de Damoclès. C'est un film carcéral mais sans les clichés inhérents au genre, qui montre l'élan vital d'un homme qui, malgré les barreaux, cherche toujours l'amour et établit, malgré lui, une amitié avec un autre détenu qui perdure dans le temps. Great Freedom est austère et confiné mais réussit à transcender l'humanité de Hans, qui ne perd jamais son libre arbitre. Le long-métrage se concentre sur 3 périodes principales, à partir de 1945, et avec une distance d'environ une décennie pour chacune. Mais comme le vieillissement de son héros n'est pas flagrant, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver, comme si la notion de temps était abolie et n'avait qu'une importance relative. Au centre de toutes les scènes, Franz Rogowski montre une fois de plus qu'il est sans doute l'acteur le plus doué de sa génération, tous pays confondus. Ceux qui ont déjà pu voir Freaks out de Gabriele Mainetti, où il est extraordinaire, ne pourront qu'acquiescer.