Un film qui a eu des Oscars, beaucoup d'Oscars selon son affiche. Que dire ? Que c'est probablement une incarnation parfaite de ce que l'industrie cinématographique hollywoodienne d'aujourd'hui est capable de faire de mieux. Très bonne interprétation, scénario bien ficelé, bande-son aux petits oignons avec standards d'époque, reconstitution historique peaufinée avec soin, message humaniste, happy end plein d'émotion...Presque trop parfait, en somme.
Cela expliquant que je ne lui décerne qu'une note honorable,et méritée d'ailleurs, je le pense sincèrement, mais que j'assume totalement. Car Farrelly s'est à mon sens contenté de puiser dans un répertoire cinématographique certes assez vaste, mais déjà largement exploré, pour ne pas dire surexploité: communauté italienne du Bronx, droits civiques des noirs dans le sud des Etats-Unis au début des années soixante, demeures louisianaises à la "Autant en emporte le vent", road movie, buddy movie. Au point que ça vire par moments un peu au cliché sans nuances : flics sudistes racistes et pourris et famille italo-américaine. Une trouvaille tout de même, et bien exploitée dans le film, d'ailleurs : le fait que le personnage éduqué et cultivé du duo ne soit pas celui dont la peau est blanche, mais l'autre.
Ne vous y trompez pas, ça fonctionne parfaitement et la fin est très émouvante. Mais en laissant un petit arrière goût de préfabriqué, comment dire, d'impression que tout ça est un peu trop beau pour être vrai. Un peu trop "God bless America", quoi. Et s'il est vrai que ça passe il y a un peu plus de cinquante ans, difficile de ne pas y voir un exercice destiné à mettre en valeur une certaine image des Etats-Unis, telle qu'ont pu la promouvoir un Obama ou une Clinton, par exemple. De là à y voir un film de propagande ? je n'irai peut-être pas jusque là, même si tout étalage trop marqué de bons sentiments me laisse toujours un petit doute...