Evidemment, ça sent le film à Oscar à plein nez, et l’on ne s’y tromperait pas. Il n’empêche. C’est toujours un véritable plaisir de voir des gens sortir de leur zone de confort et d’aller là où ne les attend pas. Peter Farrelly d’une part. Mentionner son nom suffit. Viggo Mortensen et Mahershala Ali d’autre part. Le premier, infiniment réservé, intellectuel, "Cronenbergien", énigmatique, qui joue un homme du peuple italien dans le New York des années 60. Lorsqu’il apparaît pour la première fois, on a un mouvement de recul. De surprise. "Mon Dieu, il a pris un coup de vieux, Aragorn !". Ce genre de réaction un peu idiote. Et puis après, c’est deux heures de jubilation. Il est extraordinaire. Drôle, imprévisible, sensible, tout en nuance, génial. Puis le second, infiniment masculin, puissant, calme, terrien, paternel, qui joue un homosexuel incapable de trouver sa place dans une Amérique ségrégationniste. Lorsqu’il apparaît pour la première fois, on a un mouvement de recul. De surprise. "Mon Dieu, il a bien changé le Juan de "Moonlight", celui qui m’a donné une nouvelle idée de la paternité et fait pleurer toutes les larmes de mon corps !". Ce genre de réaction, un peu plus personnelle que la précédente, il faut bien l’avouer. Et puis après, c’est deux heures de jubilation. Il est merveilleux. Fragile, d’une élégance folle, précis, torturé, innocent, génial.
Il y a des films qui font des acteurs, et il y a des acteurs qui font des films. "Green book" appartient définitivement à la seconde catégorie.