Il me semble (mais peut-être que je me trompe?) que ce film n’a pas gardé une très bonne image auprès des cinéphiles. Peut-être d’abord par ceux qui aiment le cinéma de Peter Weir et qui trouvent à juste titre le film très (trop?) différent de son style habituel ? Les fans de Gérard Depardieu sont-ils déçus par une prestation somme toute trop cadrée avec cette image clichetonne du français nature, hédoniste et grossier? Dans les deux cas, il serait difficile de les contredire. On est en effet très loin de “Picnic at Hanging Rock” ou même du “Cercle des poètes disparus”.


Pourtant, dans les limites très strictes de la comédie romantique américaine, Peter Weir parvient par petites touches à instiller de sa délicatesse, par la finesse de son observation, surtout par la maîtrise des sentiments, leur juste évolution. Sur ce point crucial dans ce genre de film, le soin pris à créer une symbiose entre les personnages est vital : mission totalement accomplie, je crois. La relation compliquée comme il faut entre la snobinarde et le clodo, la belle et la bête, est un thème certes classique, mais dont l’efficacité fait une nouvelle fois preuve d’une belle puissance dès lors que la mise en scène sait garder un équilibre entre poésie, réalisme et suspense romantique. Peter Weir réussit à palier aux petits défauts d’écriture du scénario, notamment ces gros sabots, ces stéréotypes français et new-yorkais que les personnages nous assènent avec parfois pas assez de grâce et sur lesquels reposent une grande partie de la comédie et de ses enjeux affectifs majeurs.


Weir est aidé tout de même par ses deux comédiens principaux. Gérard Depardieu est gargantuesque, flirtant avec son image et son histoire personnelle. Malgré la lourdeur de son rustaud personnage, Depardieu s’en sort plutôt pas mal. Il a l’air de bien s’en amuser. Sans doute ne prend-il pas ce film tout à fait au sérieux, juste comme une petite porte d’entrée sur le continent américain après son fracassant succès de Cyrano?


Face à lui, Andie McDowell n’a pas de difficultés à jouer la vierge effarouchée. Elle incarne parfaitement la lente érosion de sa patience vis à vis de ce rustre de français qu’est même pas vegan! Elle est juste, tout en délicatesse mais également capable de montrer sa force de caractère quand nécessaire sans que cela paraisse incongru ni ridicule. Je la trouve bonne comédienne et j’en suis un peu étonné pour tout dire car j’avais plutôt l’image d’une actrice top-model un brin fadasse. Il faudrait que je revois “Un jour sans fin” que j’adore. Je n’ai pas un bon souvenir de “Hudson Hawk” où elle m’était apparue plutôt ordinaire. Tout cela doit être injuste. J’ai dû me laisser aller à des préjugés un poil connardeux. Bref, j’ai l’impression d’être resté sur une vision injuste de son talent. Dans “Green card”, elle m’a même impressionné, notamment dans sa manière de contrebalancer avec justesse la grossièreté du personnage joué par Gégé.


S’ils forment un beau binôme, bien équilibré, c’est aux talents des deux comédiens qu’on le doit. Et sans doute à la bonne direction d’acteurs de Peter Weir. Décidément, j’aime beaucoup ce joli petit film. “Petit” est à mettre entre guillemets, affectueux guillemets.


D’autant que la distribution ne s’arrête pas aux comédiens et au réalisateur. La musique de Hans Zimmer est très importante. Elle joue un rôle à part entière, au delà de l’accompagnement poétique de première bourre. Elle palpite, virevolte et finit par même donner une tension incroyable à ce final renversant. Le dénouement dans une comédie romantique est un moment primordial. Green card est doté d’un des plus beaux du genre. D’une intensité rare, l’émotion se vit dans le paroxysme et élève le rythme cardiaque du spectateur comme la beauté lyrique du film. Une très grandes fin de film. Boum, boum, boum! Je ne m’en lasserai jamais


Captures et trombi

Alligator
8
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le 1 oct. 2017

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Alligator

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