Comme dans le précédent film de Jeremy Saulnier, Blue Ruin, le jeu de massacre annoncé par le pitch n’est là que pour mieux raconter la violence qui gangrène l’Amérique, celle des marginaux, des white trash. Mais si Green Room est assurément politique, c’est avant tout un film de mise en scène intelligent, constamment inventif, au service d’un survival punk, brutal, sanglant.
Le film est un véritable exercice de style qui tient en haleine le spectateur au fil des pièges, assauts, tentatives de sorties… Cette tension reste toutefois un peu trop sage (on aimerait avoir plus de rage), elle est aussi affaiblie par des scènes de dialogues pas toujours nécessaires, bien que drôles. Car l’autre particularité de Green Room, c’est son humour, aussi cynique qu’inattendu, en total contraste avec la violence froide et premier degré de ces skinheads. Oui, Green Room est aussi impulsif qu’imprévisible, comme ses personnages face à l’horreur. C’est à la fois une force et un défaut : on regrettera que le film s’égare sur sa fin.
Green Room est donc un survival réjouissant et jouissif très intelligemment mis en scène jouant fortement avec nos nerfs. Beaucoup d’éléments font de ce film un objet à part dans le genre, ça change et ça fait du bien. Reste une certaine frustration de ne pas avoir vu un film qui aurait pu aller plus loin, plus fort.