Attention l'article que vous vous apprêtez à lire a été écrit par un rustre employant un langage peu châtié et est également susceptible de contenir les éléments suivants : des fautes d’orthographe et/ou de grammaire, des blagues sales et de mauvais gout et éventuellement du second degré (mais juste un peu).
Ceux qui ont lu mon bilan de 2015 le savent, Green Room était l'une de mes plus grosses attentes de l'année. (Et ceux qui n'ont pas lu mon article ferait bien de décamper de cette page pour aller voir mon bilan... Allez zou ! Tire toi de là racaille ! Et ne revient que quand tu te seras cultivé !) Bref au milieu des habituelles grosses sorties plus ou moins hypantes je trouve chaque année un ou deux films de petit gabarit finalement bien plus vibrants et inhabituels que les blockbusters qui malgré leurs qualités certaines (enfin certaines, disons que ça dépend des fois...) ont bien souvent un côté plan plan et convenu. Ainsi donc pour satisfaire mon côté esthète croisé beauf il me faut des long-métrages bien particuliers, des œuvres mêlant un visuel soigné à une ambiance originale, et si le film peut proposer des péripéties rythmées et un peu d'action nerveuse en prime je n'en serai que plus satisfait. (Oui on ne se refait pas) Par conséquent le nouveau film de Jeremy Saulnier, réalisateur du très bon Blue Ruin n'augurait que du bon pour moi. Le scénario est simple, (mais pas simpliste) un groupe de punk-rock fauché part en tournée dans un coin de campagne paumé. Malheureusement le bar où nos sympathiques keupons jouent s'avère être l'antre d'un groupuscule néo-nazi mené par le frère SS maléfique de Jean-Luc Picard. Le conflit entre les deux camps devient inévitable lorsque les musicos tombent sur un cadavre frais en back stage et que les nazis bien décidés à réduire au silence ces témoins encombrants ne se lance à l'assaut de la pièce où le groupe s'est retranché...
Un film qu'on attends c'est toujours quelque chose que l'on va voir un brin stressé, parce que voir nos attentes réduites à néant par un résultat tout moisit s'apparente un peu à un rendez-vous galant avec une personne rencontrée sur un site de rencontre et qui a de toute évidence piqué sa photo de profil on ne sait pas trop où mais probablement pas dans son dossier photo, par exemple High-Rise sortit récemment pourrait être visualisé comme une grand-mère octogénaire borgne et édentée se faisant passer pour le sosie de Scarlett Johansson pour attirer d'innocentes victimes dans ses filets...
Comme je sent que mes comparaisons sont en train de me dépasser je conclu tout ça en caractérisant Green Room comme une jouvencelle au teint frais et au sourire charmeur préférant cependant se cacher dans l'ombre plutôt que de monopoliser l'attention... Enfin une jouvencelle avec une machette un fusil à pompe et un rottweiler mais que voulez vous, mes goûts en matière de femmes sont plutôt particuliers...
Pas de déception donc, Jeremy Saulnier confirme son talent de réalisateur et nous livre après Blue Ruin un nouveau gros morceau de cinéma plus ou moins genresque. Et si la simple présence de Patrick Stewart dans le rôle d'un chef de gang néo-nazi ne suffit pas à vous convaincre ne vous inquiétez pas, je suis là pour ça !
Le point le plus capital de ce film est sans conteste la tension véritablement monstrueuse qui se dégage du film, invoquant des films aussi qualitatifs que Les Chiens de Paille de ce bon vieux Sam Peckinpah ou encore l'Assaut de notre seigneur et maître à tous le Saint John Carpenter. Saulnier maîtrise parfaitement son espace (notamment lors d'une séquence en sous-sol juste monstrueuse) et magnifie véritablement son semi huis-clos, les passages en extérieurs ne sont d'ailleurs pas en reste et conserve le caractère oppressant du film. Ce qui accentue le côté tendu comme un caleçon XXS dans la garde-robe de Pierre Ménès (Merde j'avais dit que j'arrêtais les comparaisons !) c'est l'attachement que l'on ressent pour les personnages pourtant très simples mais éminemment sympathiques, la première partie les développe en évitant les gros clichés que l'on aurait pu attendre et leurs réactions lors de la deuxième partie ne les rends que plus humains. Chose d'ailleurs surprenante certains néo-nazis aussi ont droit à leur propre développement qui ne les condamne pas au rôle de machines à tuer des gens d'ethnies différentes. Toujours une raison d'agir et pas trop de sadisme gratuit les nazis sont finalement présentés comme réalistes mais non moins impitoyables et menaçants, à noter d'ailleurs l'énorme performance de Patrik Stewart dans le rôle d'un antagoniste principal assez énorme au sein d'un casting de toute façon irréprochable, de Macon Blair déjà vu dans le précédent film du metteur en scène et toujours aussi excellent ici dans le rôle de l'un des personnages les plus ambigus du film à Anton Yelchin qui semble toujours un peu paumé et finalement très humain en passant par Imogen Poots (L'héroïne de 28 Semaines plus Tard) jouant une demoiselle pas du tout en détresse absolument adorable mais néanmoins surprenamment redoutable (Je vous l'avais dit que j'avais des goûts bizarres !) me rappelant par certains aspects le père de Sympathy for Mister Vengeance, alternant parfois dans des scènes très proches une sauvagerie glaçante puis une émotivité toute humaine comme si le personnage ne pouvait supporter ses propres actes ou pensées et s'efforçait de se faire paraître plus barbare qu'il ne l'est pour pouvoir survivre. Les seconds rôles sont ainsi clairement soignés ce qui rend chaque mort d'autant plus brutale et douloureuse. Le film poursuit ainsi deux idées initiées avec Blue Ruin, d'une part que la violence est ici une chose difficile et douloureuse et ce pas uniquement pour la victime et d'autre part une déconstruction partielle des clichés. Chaque mort ou blessure est donc particulièrement crade et n'apporte aucun soulagement y compris lorsqu'un antagoniste succombe, sans pour autant que le réal insiste dessus avec des gros plans racoleurs comme dans certains films bas du front se vendant uniquement sur une esthétique cradoc souvent un brin douteuse.
C'est cependant une certaine négation des clichés (Sans jamais être totale cela dit) qui occupe ici une place de choix.
Ainsi plusieurs éléments de surprise interviennent au cours du récit, chamboulant légèrement notre petite habitude de spectateur. Il suffit par exemple de constater que le traître skinhead se fait finalement abattre juste après avoir retourné sa veste, n'ayant ainsi le temps que de fournir des cartouches de fusil au groupe là où n'importe quel film en aurait fait un élément clé de l'intrigue. Mais l'exemple le plus frappant demeure sans conteste la scène de fin et la mort du bad-guy en chef, séquence anti climactique au possible (oh le bel anglicisme !) et pourtant aussi riche en tension que le reste du film. Pas de grand discours ni de confrontation à proprement parlé, le grand méchant nazi finit par s'éteindre allongé dans l'herbe arborant un air presque serein malgré son corps criblé de balles. Ce final esquive d'ailleurs avec habilité un set up pay off bien grossier que l'on aurait put craindre depuis le commencement, le fameux pistolet qui avait servit de point de départ aux négociations entre les deux camps et avait été vanté pour sa meurtrière efficacité ne touchant finalement qu'un élément du décors là où il aurait été logique dans n'importe quelle grosse machine hollywoodienne de conclure le face-à-face final par un tir plus honteusement miraculeux que le jet d'urine d'un poivrot notoire parvenant à entièrement se vider entièrement la vessie dans une cuvette de toilette de taille et modèle standard sans en verser la moindre goutte sur le carrelage. (Parfois ça pourrait être bien que je suive mes propres directives...) Sur une même idée le discours remotivant du héros censé galvaniser les troupes n'intervient qu'après que ces dernières soit toutes tombées au combat et paraît de ce fait bien dérisoire. Les quelques clichés bien présents (Les deux derniers survivants sont une fois encore le héros peu sûr de lui et la fille combative étrangère au groupe d'origine) ne le sont que pour être pervertis comme le démontre de façon amusante le final où la question en suspens concernant le héros ne trouve pas de réponse tout simplement parce que sont interlocutrice n'y voit aucun intérêt ce qui, étant donné la situation semble on ne peut plus légitime. (Ce qui rappelle d'ailleurs Napoléon et ses cigarettes dans Assaut)
Nous arrivons à la fin de cet article et on m'indique dans l'oreillette que le quota de blagues foireuses n'a pas été atteint, quoi de mieux donc pour conclure qu'un épilogue des plus navrant qui ne fera rire que les hurluberlus ayant à la foi les mêmes gouts et le même humour que moi. (Ne mentez pas je sais qu'ils existent !) Parce que ce qui est vraiment génial avec Green Room c'est le fait que l'on puisse totalement adapter le film de divers façons simplement en changeant le type de metal joué par le groupe. Prenez par exemple un groupe de glam metal et vous obtenez un mix entre Wolfenstein et Kiss contre les fantômes, un film sacrément gênant en somme... Mais il y'a pire ! Imaginez donc un affrontement en "True Black-Metaleux à l'ancienne" et Néo nazis patibulaires, un genre de Satan contre Hitler que n'aurait pas renié The Haunted World of El Superbeasto et qui décuplerait probablement rapidement le body-count en même temps que l'interdiction d'âge du film. Vous connaissez sans-doute l'adage "On peut toujours faire pire" et bien figurez vous que le brave type à l'origine de cette phrase ne pouvait être d'avantage dans le juste, il suffit pour lui donner raison de remplacer le groupe de punk par un groupe de NSBM péruvien (remplacez péruvien par une autre nationalité si vous êtes racistes et que vous ne pouvez pas blairer les lamas) et le film devient alors un superbe remake du Triomphe de la Volonté mais avec plein de rednecks dedans. Et comment conclure autrement qu'avec mon genre de prédilection. Imaginez donc Green Room avec des protagonistes membres d'un groupe de Grindcore, (Type Anal cunt plus que Dying Fetus cela va sans dire) soit un film débilo scato gore drogué, violemment foutraque et jusqu'au boutiste dans le n'importe quoi et le mauvais gout extrême.
Vous avez compris le concept vous pouvez faire la même chose chez vous, mais attendant n'oubliez pas de voir Green Room (Pas au cinéma si vous ne l'aviez pas vu avant la lecture de cet article puisque j'ai semble t'il décidé de souffleter une nouvelle fois la ponctualité) qui pour le moment peut aisément prétendre au statut de film à voir absolument et dont vous reverrez à coup sûr la trogne dans mes coups de cœur en fin d'année.