Aussi remonté que le degré d'alcool d'une vieille bouteille de whisky écossais, Gégé Butler avait semble-t-il à cœur de faire oublier ses errements dans "Geostorm", blockbuster cataclysmique de Dean Devlin, en se confrontant à une nouvelle apocalypse à sa démesure ! Quoi de mieux pour cela que "Greenland - Le Dernier Refuge" où l'ami Clarke, une comète louche dont l'objectif est visiblement de rendre l'année 2020 encore pire qu'elle ne l'est déjà, a décidé de se crasher sur notre bonne vieille Terre en emportant potentientellement sa population avec !
Peut-être que le film de Ric Roman Waugh gagne notre indulgence en étant le seul vrai (mini) blockbuster US présent dans les salles françaises cet été mais il est clairement impossible de nier que sa formule ô combien classique de "famille prise au piège d'un armageddon surprise" va se révéler éminemment efficace, surtout durant sa première heure.
Après de rapides présentations avec le quotidien famélique de ses personnages principaux (Gégé conçoit des gros gratte-ciels plein de testostérone et a des soucis insignifiants dans sa vie de couple), "Greenland" se met à carburer de tous les diables avec l'urgence alarmante de la situation et en conférant à ses héros un dangereux statut de privilégiés. Même si la plupart des ressorts qui vont en découler ne créent pas vraiment la surprise -ou sont un peu faciles (le gamin empoté a quand même bon dos)- l'énergie avec laquelle Ric Roman Waugh emballe cette affaire est aussi immersive qu'irrésistible. Les effets spéciaux ont beau être parfois de qualité aléatoire (le film a néanmoins la bonne idée de se reposer dessus avec parcimonie) et les explications autour du comportement de cette anomalie stellaire un brin nébuleuses, on se prend complètement au jeu du chaos exponentiel dans lequel se retrouvent intimement emportés un Gégé Butler des grands jours et une Morena Baccarin à qui on laisse le temps de briller à part égale (ce qui est un petit miracle en soi vu l'habituelle fadeur des rôles d'épouses de Gerard Butler dans la plupart de ses films).
Après cette première moitié de long-métrage qui laisse difficilement le temps de reprendre son souffle, "Greenland" va hélas se montrer de moins en moins percutant à partir de la phase que l'on qualifiera de "mauvaises rencontres". Bien entendu, le film connaîtra toujours quelques jolis regains de forme (peut-être même plus sur le terrain de l'émotion que de l'action spectaculaire avec notamment la scène des tentes ou l'acte final) mais l'intensité si irréfrénable des débuts ne se fera désormais plus ressentir que par intermittence, laissant de trop nombreux passages à vide dans son sillage pour emporter la mise...
Dommage donc que "Greenland" s'essouffle sur la durée, le film avait pourtant réussi haut la main son pari de transcender sa partition de récit apocalyptique attendu en lui donnant un tempo redoutable pendant une bonne heure. On ne fera cependant pas la fine bouche : en tant que dernier survivant des gros films US de ce triste été cinématographique 2020, "Greenland - Le Dernier Refuge" s'en tire avec une mention plus qu'honorable, sans compter le plaisir de retrouver un Gerard Butler en grande forme et bien plus sobre qu'à l'accoutumée.