Depuis l’avènement des films de super-héros, les films catastrophes se font de plus en plus rares puisque lesdites catastrophes sont maintenant gérées par nos héros en collants et armures. Mais on en retrouve encore ici et là, jouant essentiellement sur des catastrophes naturelles et jouer ainsi sur la crise écologique à venir. Les astéroïdes ont aussi joué à une époque la carte de la menace planétaire, où l’humanité devait revivre en direct le destin des dinosaures non-aviens.
Toutefois, Armageddon et Deep Impact ont coup sur coup donné un peu du plomb dans l’aile à ce sous-genre spécifique, puisque chacun avait abordé la thématique sous ses deux angles principaux et que s’ils n’étaient pas extraordinaires en soi, le boulot, lui, avait été plus que correct. Du coup est-il pertinent de sortir un nouveau film sur une comète qui va s’écraser sur terre, même 20 ans après ? La question reste ouverte, mais Greenland ne sera en tout cas pas l’exemple à suivre.
En soi, le film est honnête dans ce qu’il propose et met en place, mais il demeure terriblement générique et classique dans son exécution. Ainsi, on va retrouver l’essentiel des clichés du genre dans le premier quart d’heure, et les autres suivront d’ici la fin du film. La tension n’est ainsi jamais présente. Même si les protagonistes traversent des péripéties où le danger est permanent et partout (et pas seulement du ciel), la dynamique même de l’intrigue fait que la tension dramatique et narrative ne prenne jamais. À aucun moment on ne va craindre pour les personnages, ni même jamais vraiment s’y attacher. Le soucis à cette accumulation de stéréotypes dès le départ qui détruise toute connexion possible, parce que donnant dès le début les cartes qui seront jouées. En d’autres termes, aucune prise de risque à l’horizon.
De plus, l’un des soucis du film sont ses prémices. Sa conclusion implique une longue préparation à l’avance des gouvernements et des moyens logistiques, sans en informer le grand public et donc en lui mentant effrontément. Bon, outre le climat actuel, le fait est que pour y parvenir, cela aurait demandé des ressources qui ne seraient pas passées inaperçues. C’est aussi simple que cela. Sans oublier qu’on demande, par conséquent, à des institutions scientifiques indépendantes de mentir, ce qui va à l’encontre même des chartes.
Et puis je n’arrive pas à me sortir de la tête cette première impression de voir des familles des banlieues riches américaines organiser un BBQ pour voir un bout de comète s’écraser dans l’océan, mais paniquer aussitôt que celui-ci tombe sur la terre ferme… Je veux dire, merde quoi : soit les scientifiques ont ouvertement menti sur leurs prédictions, soit les autorités n’ont pas pris en compte ce qu’on appelle la marge d’erreur, qui est en général plutôt large pour ce genre de situation vu justement le danger imminent qu’elle implique. Déjà, dès le début, on a un soucis de logique narrative et de cohésion.
Ensuite, on découvre que notre famille se rend au Groenland pour y trouver un bunker qui devrait sauver les quelques élus de l’apocalypse ; mais plus tard on apprend que le gros bout de comète va tomber sur l’Europe. Il n’y a pas un soucis quelque part ? Parce qu’autant, allez, je peux admettre que les gouvernements demandent aux scientifiques de mentir pour ne pas affoler la population (mais bon, on ne va pas me faire croire que personne n’a vendu la mèche vu tous les échelons impliqués) ; mais du coup, pourquoi aussi caché au gouvernement le lieu d’impact principal, vu que c’est ce qui va décider en premier lieu du site pour s’abriter ? Surtout, que bah voilà, aller des États-Unis au Groenland pour échapper une comète qui va s’écraser en Europe, ce n’est pas ce que j’appelle un trajet intuitif. Ni même construire son abri au Groenland, un territoire étranger donc, pour au final découvrir qu’il y a des abris un peu partout.
Ce n’est pas la peine de s’étendre sur le casting, puisqu’on se retrouve avec un Gerard Butler et une Morena Baccarin qui se contentent de suivre l’intrigue sans chercher plus loin, ni même vraiment savoir quoi faire. La musique se complet dans le mélodramatique, il restera donc des effets spéciaux et des décors peu inspirés mais corrects, et une mise en scène qui fait le taff mais semble avoir oublié qu’on n’est pas dans un actionner par moment et que la caméra à l’épaule, c’est bof.
Bref, l’histoire repose sur deux majeurs problèmes dans son introduction et sa conclusion, et ne propose rien de bien intéressant entre les deux ; en dehors du fait d’être involontairement drôle tant il est consciencieux à vouloir suivre tous les stéréotypes possibles. Du coup oui, ça reste divertissant dans le sens où il faut prendre tout au quarante deuxième degrés, mais le film ne propose rien de vraiment intéressant dans le fond.