J'avais deux souvenirs de mon visionnage de Gremlins étant petit : la scène finale et celle de la fameuse révélation de Kate. Par contre, je ne me souvenais pas que Chris Columbus était au scénario... Pas de bol, c'est la grosse faiblesse du film. Le scénario oscille entre le film pour enfants et le film pour petits (pas trop petits quand même) et grands. Columbus pose tout de manière extrêmement caricaturale : Billy est sympa (la preuve, il a un chien) et il s'entend bien avec tout le monde, sauf avec Mrs Deagle, propriétaire de la moitié de la ville, qui est très méchante (la preuve, elle ne sait pas ce que l'esprit de Noël). Et bien évidemment, le mogwai vient d'une petite boutique tenue par un vieux monsieur chinois, qui parle un anglais approximatif mais qui est fort sage (la preuve, il fume la pipe). C'est un peu embarassant.
De manière plus générale, le rythme du film est assez inégal; toute la première partie (pré-gremlinage sauvage de la ville) est entraînante et assez agréable (en partie grâce à son côté complètement naïf, au premier degré dans le scénario, mais traité de manière un peu décalée dans le film). En revanche, une fois que les bestioles sont de sortie, ça se gâte. La scène du bar, qui aurait pu être drôle, traîne en longueur en multipliant les plans sur les gremlins et surabuse d'un humour lourdingue et enfantin. Mais alors, c'est vraiment un film pour enfants ? Pas sûr qu'ils soient très amusés lorsque Kate dit que pendant que certains ouvrent leurs cadeaux, d'autres s'ouvrent les veines...
C'est dommage que Joe Dante n'aie pas pu plus imposer sa vision : on sent qu'il y a l'ébauche d'un film un peu grotesque, un peu horrifique sans être terrifiant, une espèce d'Alien version préado. Si on avait pu avoir 1h40 à l'image du plan de la horde de gremlins en train de gesticuler dans le cinéma devant Blanche-Neige, quel film ça aurait été ! On sent qu'il a voulu faire son film et qu'il a voulu bien faire, qu'il a travaillé la lumière, le cadre, le montage; même si il n'y a rien de révolutionnaire, on devine une ligne directrice, une volonté de jouer sur le contraste et la rupture de ton, et certaines scènes réussissent très bien à amener un sentiment de menace dans des moments qui paraissent innocents (quoique inhabituels) aux personnages.
Je doute fort de regarder sa suite, mais j'irai sûrement faire une petite excursion dans la filmo de Joe Dante.