Le titre original a l'avantage d'être sobre et ne dévoile rien du film tandis que le titre français se veut plus vendeur. On pense immédiatement aux grands mélos où, justement, guerre et passion s'entremêlent douloureusement comme "Casablanca", "Pour qui sonne le glas", etc. Sauf qu'une fois devant le film de Peter Hyams, on tombe un peu de haut.
Bon, d'accord, pas de trop haut car le film n'est quand même pas mauvais et se regarde sans difficulté même si c'est "sans passion" …
Après ce jeu de mots très foireux, reprenons un peu.
L'histoire est celle d'un triangle amoureux à Londres, en 1943, alors que les bombes allemandes pleuvent …
Lui, lieutenant américain David Halloran (Harrison Ford), pilote des bombardiers.
Elle, Margaret (Lesley Ann Down), infirmière, rencontre David lors d'un bombardement. Elle est mariée et est la mère d'une petite fille. C'est le coup de foudre immédiat entre Elle et Lui.
Le mari, Paul (Christopher Plummer) travaille comme agent secret pour l'IS.
Spoiler : Le mari et l'amant sont appelés à se rencontrer lors d'une mission délicate et devront s'entraider suivant un schéma global du film très convenu.
Le scénario permet deux lectures : la première où on suit l'action, sans trop se poser de questions : elle conduit à un film d'action agrémenté d'une jolie petite romance entre Harrison Ford et une émouvante Lesley Ann Down (que je ne connais pas) : on a bien affaire à la guerre (en France !) et à la passion (torride).
La deuxième lecture, qui se trouve être la mienne, est celle où on scrute un peu plus le scénario. Et c'est fou les petits défauts qu'on trouve et qui m'escagassent.
D'abord le personnage de Margaret. Qu'on tombe dans les bras d'un homme inconnu qui se prêtait à un gentil marivaudage, sous un effrayant bombardement, je peux parfaitement comprendre … Mais l'absence de conflit avec son époux, sa petite fille adorable et aimante rend peu convaincante la poursuite de l'idylle. Il y a un temps de la passion soudaine associée à la frayeur et un temps pour la raison. Un temps où on dit les choses. Ok, il y a aussi l'aspect hormonal, bien sûr. Mais si je m'écoute, moi, je n'appelle pas ça de la passion mais plutôt de la trahison. Et j'ai un peu de mal à avoir de l'empathie pour le personnage.
Ensuite, le personnage du mari qui s'estime très banal aux yeux de sa femme et qui veut l'épater en partant dans une mission en France à hauts risques en se substituant à celui qui devait y aller. Je n'y crois pas une seule seconde tellement ces missions ne pouvaient pas souffrir d'improvisation.
Et puis, la mission en France. Je ne vais pas entrer dans les détails pour ne pas spoiler mais j'ai vraiment du mal à me convaincre du bien fondé de la mission qui aurait été plus simple à réaliser par un commando de résistants français connaissant le terrain sans aller chercher un espion qui ne s'appuie même pas sur une logistique locale dûment préparée (et non improvisée comme dans le film). Là, c'est très tiré par les cheveux et forcerait presque le sourire parfois aux nombreux clichés développés par Hyams alors que la situation est (presque) désespérée. On se croirait chez Indiana Jones.
D'ailleurs (admirer la transition), ça tombe très bien puisque celui qui parvient à démerder toutes les situations acrobatico-périlleuses, c'est un Harrison Ford, tout jeune et bien prometteur, l'amant de cœur de Margaret … C'est clairement le personnage le plus beau du film. Celui qui finalement tire son épingle du jeu en s'en sortant par le haut. C'était écrit.
Bilan final. C'est un film qui se regarde sans trop de déplaisir comme un film d'action. Mais le scénario accuse trop de faiblesses pour convaincre qu'il s'agit là d'un grand film.
J'hésite pour la note entre 5 et 6 mais vais rester à 5.