Avec son affiche qui ne paye pas de mine j'ai d'abord cru à une comédie américaine, Guibord s'en va-t-en Guerre tire bien son épingle du jeu. Non seulement il arrive à porter aux nues toutes les facéties de la politique, mais en plus il aborde autant de thèmes universels que de situations absurdes mais pourtant vraies.
La force du film réside dans sa référence de la démocratie, ici réveillée par Souverain, tout droit venu d’Haïti, qui ne cesse de revenir aux grands hommes (Rousseau, Tocqueville,...) pour étayer son propos et comprendre les enjeux d'un Occident pourtant dépassé. Si la critique est acerbe sur le Canada, elle est tout à fait transposable à l'Europe, entre les guerres de parties, les questions internationales opposées aux questions locales, les manifestations (ici représentées par des barrages, question de culture) on retrouve tous les enjeux de la politique.
Au milieu de ce marasme est tout de même mis en avant Steve Guibord ; si le film prend des libertés dans la caricature du premier ministre, les politiciens n'en sont pas moins montrés en tant qu'humain. Aussi Steve Guibord n'est pas qu'un simple politicien mais un homme qui doit jongler entre sa famille, ses peurs et ses devoirs ; rendant le film plus riche qu'il n'y paraît.
Avec Souverain comme stagiaire, le réalisateur choisit de simplifier le propos, réexpliquant la politique d'un manière simple dans un monde où elle ne l'est plus. Et tel le Candide de Voltaire, Souverain incarne cette optimisme sans pour autant être un personnage ridicule, au contraire il favorise Guibord dans ses approches.
Le film ne prend d'ailleurs jamais parti, représentant dignement et sur un ton humoristique autant les travailleurs que les autochtones, autant le parti pour la paix que celui pour la guerre ; chacun en prends pour son grade pour notre plus grand plaisir. D'ailleurs le film rend aussi hommage à ces hommes qui dans l'ombre sont autant malmenés alors qu'ils tentent seulement d’œuvrer pour le bien de la communauté.
Sous ses airs de simplet et de réalisation facile, Guibord s'en va-t-en Guerre dépoussière parfaitement les rouages de la politique en lui apportant une fraîcheur bienvenue par la vision du tiers-monde. Un bonne comédie inattendue.