La série des Guinea Pig est un bel exemple de ce que l’horreur à la japonaise peut avoir de plus démonstrative et malsaine. Flower of flesh and blood allait à l’essentiel, un massacre des plus voyeuristes. Android of Notre Dame propose un scénario pour habiller son horreur. Il vaut ce qu'il vaut. Un scientifique veut sauver la vie de sa sœur malade. L'informatique peut l'aider. Mais il a besoin de corps pour arriver à ses fins. Un étranger l'aide. Le mythe de Frankenstein est ici repris, sans son horreur gothique habituelle.
Si le coeur de sa violence réside encore dans ses démembrements, s'y ajoute cette fois un peu de violence psychologique, avec un personnage principal dérangé par sa quête. Car si Guinea Pig 2 n'était rien d'autre qu'un spectacle sanglant, la personnalité légèrement plus étoffée de ses personnages de ce cinquième volet permet de le distinguer sur ce point. La détermination du frère à sauver sa sœur est un ressort classique mais bien utilisé, surtout si ce frère est prêt à défier toute morale.
Bien sûr, il n'y a aucune cohérence scientifique. Le savant fou cumule les blouses de biologiste, informaticien et autre responsable d’expérimentations étranges. Mais il y a tout de même un semblant de progression narrative tandis que le film garde un côté malsain et dérangeant, bien que plus sensible au poids des années.
Quels films d'horreur des années 1980 pouvaient se permettre une telle violence au premier degré ? Aux Etats-Unis, le slasher régnait encore, mais se mordait la queue dans des suites de grandes séries. Avec les Guinea Pig, le Japon part dans une direction plus crue, héritée du mouvement ero guro des années 1930. Ces deux films que j’ai pu voir sont des expériences assez stupéfiantes, qui élèvent le film d'horreur gore à un niveau dont il faudra plusieurs années pour que des concurrents osent l'égaler.