Guy Jamet n'a jamais existé. C'est un chanteur de variétés fictif mais que l'on reconnaît tous. Ce mélange de Claude François, d'Alain Barrière et de Frédéric François fait, dans Guy d'Alex Lutz, l'objet d'un faux documentaire réalisé par son fils illégitime, Gauthier, qui profite de son statut de journaliste pour tisser un lien artificiel avec ce père qu'il n'a jamais connu.
Faux chanteur, faux documentaire et même faux visage pour Alex Lutz qui tient ici le rôle principal, Guy nous plonge pourtant paradoxalement dans une recherche de vérité dans un univers où tout change et plus rien ne semble vrai. À travers la figure de Guy Jamet, cette ancienne gloire de la chanson qui fait la promotion de son nouveau best-of, le film pose avec justesse la triviale question du temps qui passe.
Que reste t-il de cette idole qui a grandi, évolué puis vieilli adossée à l'image d'un jeune homme chantant l'amour ? Cette question ce film se la pose de multiples façons en alternant entre les scènes de promotion du chanteur, vedette appartenant à son public et à ses promoteurs, et de vie personnelle de l'homme, Guy Jamet, père de famille ayant connu de nombreuses femmes et n'ayant pourtant jamais réussi à s'attacher.
Cette opposition, classique, entre les deux portraits d'une même idole ne surprend guère mais se révèle efficace pour évoquer le sort d'un artiste prisonnier de son image et condamné à vivre dans le passé. Guy donne le sens de la nostalgie et la conscience du temps qui passe mais ne s'efface jamais complètement. Moqué par les derniers humoristes à la mode, délaissé par son fils légitime mais encore aimé par son ex-compagne et nouant, sans le vouloir, un lien avec son fils illégitime, Guy fuit le réel grâce à l'alcool et aux femmes faciles mais vit le temps présent comme le ressassement perpétuel d'une gloire fanée.
Alex Lutz réalise ici un exercice relativement simple sur le papier mais il parvient à rendre Guy Jamet réel et attachant. Guy ne surprend pas vraiment, il touche en posant des questions à la fois simples et universelles. Comme un vieux tube des années 70.