Premier long-métrage pour le réalisateur danois et d'origine iranienne Milad Alami. Sur un ton qui mêle le drame et le thriller, The Chaser raconte l'histoire d'Esmail, immigré iranien au Danemark, en attente d'un titre de séjour. À la fois charmeur et élégant, Esmail profite de ses atouts pour fréquenter un bar chic de Copenhague dans l'espoir de séduire une danoise prête à l'épouser rapidement et lui faire obtenir un titre de séjour.


La recherche d'Esmail rythme sa vie et son rapport au temps. Celui qui est arrivé au Danemark depuis deux ans ne semble vivre que pour ce bar où il connaît échecs, réussites, aventures et déconvenues. La séduction n'est pas un jeu pour Esmail, elle est son véritable métier. Alami nous le rappelle constamment en nous sortant de l'ambiance ouatée du bar de Copenhague pour nous ramener au quotidien de l'immigré : rendez-vous administratifs, travail en tant que déménageur etc. Pour Esmail, le temps presse.


Ce jeu du duperie du personnage principal est au centre du film. Le réalisateur capte avec attention le passage d'Esmail d'un monde à l'autre et le travail que ce dernier fait sur lui-même pour alterner entre ses différentes personnalités. Le monde d'Esmail est néanmoins bouleversé lorsqu'il rencontre Sara, une jeune bourgeoise de la communauté iranienne danoise qui lit parfaitement dans son jeu et compte lui faire jouer le sien.


Entre mondanités et travail ouvrier, entre un Iran perdu et un Iran retrouvé au Danemark, The Chaser nous confronte aux doutes d'un immigré obsédé par son avenir dans le pays où il réside. Si le réalisateur ne porte pas un regard complaisant sur son personnage principal – dont la quête et ses conséquences sont au centre du dénouement du film –, il donne à voir l'entre-deux dans lequel est pris le héros.


Sans beaucoup plus de prétentions, The Chaser dresse avec intelligence le portrait d'un homme face à ses choix, ses difficultés et son irrésolution. On apprécie l'interprétation efficace d'Ardalan Esmaili (Esmail) qui traduit l'incertitude de son personnage. Centré sur son personnage principal, The Chaser semble par ailleurs peiner à développer l'univers qui environne le personnage principal. Reste le sentiment de passer sur les interrogations soulevées au rythme de l'évolution des sentiments d'Esmail.

William_F_
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le 26 juil. 2018

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