A la croisée des genres (un peu trop), une oeuvre qui séduit le plus sur son versant romantique.

Ce film danois est en tous points intéressant mais les scénaristes à l’instar du réalisateur ont le défaut de ne pas vraiment choisir de genre, ce qui provoque par ricochet de ne pas aller au bout de chacun de ceux identifiés ici. On pense d’abord être dans le drame avec la scène assez choquante et inattendue qui entame le film puis on se dirige plutôt vers une œuvre à portée sociale traitant de la condition des immigrés au Danemark. Mais vite, « The Charmer » bifurque sur une romance contrariée que le réalisateur mâtine, in fine, de thriller. C’est ce croisement des genres (mais pas des tonalités heureusement, celle-ci restant uniforme) qui confère à cette œuvre une certaine originalité mais qui s’avère également son talon d’Achille et qui lui apporte ses limites.


En effet, le drame pur est vite mis de côté rattrapé par l’aspect romantique. Et un suspense inutile de façon sporadique. Mais cette dernière partie de l’histoire semble totalement inutile lorsqu’on a visionné le film dans son ensemble. Elle ne dénote pas forcément du reste, elle n’est pas forcément mal écrite, réalisée ou négociée, mais elle n’apporte strictement rien à l’intrigue et semble tomber comme un cheveu sur la soupe à chaque séquence. On aurait pu croire qu’à la fin de « The Charmer », cette sous-intrigue vienne enrichir la principale, mais non. Dommage donc, surtout que la romance entre cet immigré iranien et cette danoise d’origine iranienne, l’aspect clairement le plus galvanisant du long-métrage, aurait pu être encore plus développé. Et notamment l’histoire de la seconde, Sara.


Cette Sara est jouée par une révélation. Une actrice à la beauté sauvage et à la fragilité magnifique. Elle s’appelle Soho Rezanejad et on se souviendra longtemps de son regard perçant (sans jeu de mots avec ses origines). La première fois qu’elle regarde Eismael comme la dernière fois qu’elle le verra sont les moments les plus hypnotiques du film et certainement les plus réussis. Une actrice qu’on aimerait revoir vite. En James Bond Girl par exemple, elle ferait fureur. Au-delà de ça, « The Charmer » rame un peu avec une fin laconique et qui s’éternise. Sinon, c’est un petit film bien réalisé avec un soin particulier apporté aux images. Il attire notre attention sur le sort des immigrés et captive tout du long sans pour autant se singulariser de la production indépendante européenne actuelle. On pense parfois à Asghar Farhadi, cette œuvre lorgnant quelque peu vers le cinéma du cinéaste iranien, première période. Mais en moins bien tout de même.


Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.

JorikVesperhaven
6

Créée

le 1 août 2018

Critique lue 356 fois

1 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 356 fois

1

D'autres avis sur The Charmer

The Charmer
CCorubolo
7

Espoirs illusoires

Critique pour Le Bleu du Miroir Derrière la caméra de The Charmer, le réalisateur Milad Alami, devant l’acteur Ardalan Esmaili. Tous deux sont d’origine iranienne, et c’est certaine l’une des clés de...

le 21 déc. 2017

4 j'aime

The Charmer
JorikVesperhaven
6

A la croisée des genres (un peu trop), une oeuvre qui séduit le plus sur son versant romantique.

Ce film danois est en tous points intéressant mais les scénaristes à l’instar du réalisateur ont le défaut de ne pas vraiment choisir de genre, ce qui provoque par ricochet de ne pas aller au bout de...

le 1 août 2018

1 j'aime

The Charmer
Cinephile-doux
6

Un étranger en terre étrangère

Milad Alami a quitté l'Iran durant son enfance et a grandi en Suède avant de s'établir au Danemark. Après plusieurs courts-métrages, son premier long, The Charmer, traite de l'immigration de façon...

le 26 juil. 2018

1 j'aime

Du même critique

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

95 j'aime

12

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11